Crime n Etant un immense tabou difficile à briser, la pédophilie reste un grand mal qui ronge la société en cachette tant la loi du silence n'est que rarement brisée. Ce phénomène aux conséquences morales graves et aux retombées insoutenables sur le plan social est souvent étouffé. Et quand c'est un responsable d'un secteur aussi névralgique que celui de l'éducation qui le porte sur la place publique, cela démontre que les ravages de ce phénomène sont incalculables. Le Directeur de l'éducation de la wilaya de Tizi Ouzou a fait savoir dans un point de presse animé hier que deux enseignants exerçant dans des écoles primaires des localités de Aïn El-Hammam et Draâ El-Mizan, sont suspendus de leur fonction et font l'objet d'une enquête pour cause de pédophilie ; principalement des attouchements sexuels sur des élèves des écoles primaires où ils exercent. En effet, le directeur de l'éducation, Noureddine Khaldi a informé qu'une enquête a été diligentée, avant-hier, lundi, suite à des requêtes déposées par des parents d'élèves issus de deux écoles primaires citées précédemment. Ce n'est pas la première fois qu'un cas de pédophilie est enregistré dans la wilaya de Tizi Ouzou. En 2003 un enseignant du primaire a été traduit en justice pour pédophilie. Il avait même été confondu par d'anciens élèves venus témoigner. Plusieurs scandales du genre ont éclaboussé cette wilaya dans un passé récent. Un imam pédophile qui enseignait le Coran dans la mosquée du village de Bounouh près de Boghni a été arrêté suite aux plaintes déposées par des parents de nombreux enfants victimes d'abus sexuels. Il a été condamné à 15 ans de prison ferme. Un autre imam de la mosquée El-Atik, située à la haute ville, a également été emprisonné pour pédophilie. Toujours en milieu scolaire, et dans la wilaya de Bouira, un directeur de l'école primaire dans la commune de Kadiria (à l'ouest de Bouira), âgé de 57 ans, a été condamné, l'année dernière par la chambre criminelle de la cour de Bouira, à une peine de 7 ans de prison ferme pour attouchements sexuels et atteinte à la pudeur sur sept élèves, dont six filles, des deux classes de 3e et 4e années. Ce type de violence n'est pas nouveau en milieu scolaire. Cependant, et même en dehors du milieu scolaire, les enquêtes sur les violences sexuelles contre les enfants sont difficiles à mener vu la difficulté à obtenir des témoignages et surtout les preuves, surtout quand la victime se plaint d'attouchements et autres actes qui ne laissent pas de trace. Il est à rappeler qu'au niveau national, le nombre de cas de pédophilie augmente inexorablement. Selon les statistiques rendues publiques, le nombre de cas est passé de 1 573 victimes en 2010 à 1 728 en 2011, avec une forte proportion de filles (906 en 2010 et 955 en 2011). Pour sa part, la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (FOREM) donne un autre chiffre qui fait dresser les cheveux. L'écart est si important, voire inquiétant. La Fondation fait état que, chaque année, on recense pas moins de 10 000 enfants qui sont victimes d'agressions sexuelles dont 80% de ces actes condamnables sont enregistrés dans le milieu familial. D. I.