Les derniers bilans de la gendarmerie et de la police montrent une évolution inquiétante de la pédophilie en Algérie. Ainsi, durant les premiers mois de l'année en cours, les services de police ont enregistré 627 cas de violence sexuelle sur des enfants. Ce qui est considérable par rapport aux chiffres des années précédentes. Dans les centres urbains, le nombre de cas de pédophilie est passé de 1573 victimes en 2010 à 1728 en 2011, avec une forte proportion de filles (906 en 2010 et 955 en 2011). L'inceste représente 18 cas en 2010, dont 14 filles, et 14 cas en 2011, dont 10 sont des filles. Pour les quatre premiers mois de l'année en cours, l'inceste a touché 7 enfants.Pour la commissaire Kheïra Messaoudène, «les enquêtes sur les violences sexuelles contre les enfants sont les plus difficiles à mener vu la difficulté à obtenir des témoignages et surtout les preuves, notamment lorsqu'il s'agit d'inceste, ou encore lorsque la victime se plaint d'attouchements et autres actes qui ne laissent pas de trace». Selon elle, les cas d'inceste sont souvent constatés à la suite d'une fugue ou d'une grossesse. «Nous les découvrons fortuitement, après une longue discussion avec la victime. Souvent, la maman, même si elle est au courant, ne parle pas de peur des conséquences.» Elle relève un nouveau phénomène qui, lui aussi, prend des proportions alarmantes : «Les violences sexuelles commises par les enfants contre d'autres enfants sont en train de connaître une hausse importante. Les raisons sont multiples et souvent, ce sont la télévision et internet qui sont à l'origine de ces actes.» Mme Messouadène ajoute que ces cas sont constatés aussi bien dans les grandes villes qu'à l'intérieur du pays. Elle précise que la crise morale qui s'installe dans notre société est l'une des causes de ces violences : «Il y a des comportements qui encouragent la violence et brisent les valeurs de la société. Nous sommes en plein dans l'après-terrorisme. La violence a été banalisée et nous avons vu que des écoliers ont agressé leurs camarades de classe, à proximité de l'école, sans que les passants n'interviennent. Les coups et blessures volontaires chez les mineurs constituent la catégorie de violences la plus répandue après les vols. Ils sont passés de 2558 en 2010 à 2063 en 2011 et à 615 durant les quatre premiers mois de l'année en cours.» L'officier note par ailleurs que les garçons autant que les filles sont exposés aux agressions sexuelles et que les actes contre nature viennent en première position. Elle regrette l'insuffisance de structures de prise en charge des enfants victimes de violence, mais surtout de mécanisme efficace de dénonciation de ces actes.