Quatre mètres et demi de long, une demi-tonne, mais aucune dent : un crocodile baptisé «Hollande», qui croupissait dans un zoo abandonné de Bornéo, a été secouru et transféré dans un refuge fondé en pleine jungle, 300 km plus loin. Le crocodile marin était voué à une mort certaine dans le zoo de Tangkiling. L'animal subsistait dans un bassin aux eaux rares et putrides, entre des sacs-poubelles et des bouteilles en plastique. A force de ronger les barrières métalliques de son enclos, il a perdu toutes ses dents. Le centre, un de ces nombreux «zoos mouroirs» qu'on trouve en Indonésie, avait été créé afin d'accueillir les animaux appartenant aux espèces menacées libérés de cages de particuliers, ou recueillis après la destruction de leur habitat par la déforestation massive que connaît l'île. Mais le zoo d'Etat, débordé par le nombre de ses pensionnaires, a très vite manqué d'argent, se retrouvant dans l'incapacité de les nourrir. Le zoo n'est plus aujourd'hui qu'un parc délabré, traversé de chemins défoncés où des tables de pique-nique déglinguées continuent malgré tout à accueillir quelques visiteurs du dimanche. «On ne peut pas les tuer. On ne peut pas les laisser comme ça. Alors, on les accueille dans notre refuge», explique un Français de 32 ans, installé en pleine jungle depuis l'adolescence et qui a décidé de placer l'animal dans un centre qu'il a mis en place dans la forêt.