Les langues algériennes stigmatisent la prétention et les prétentieux, zzukh et ezzuwakhin. Contrairement à la jalousie, al-ghira, qui peut être un sentiment positif, exprimant un attachement très fort pour des valeurs, comme l'honneur ou la patrie, la prétention est toujours un sentiment négatif. Ce à quoi on manifeste de l'attachement n'est pas noble : en effet, le prétentieux ne parle que de ses qualités et de ses mérites, il n'attache d'importance qu'à sa personne... Le zzukh poussé à l'extrême, c'est l'orgueil, la vanité, la vantardise, la fanfaronnade. De nombreux proverbes dénoncent ce sentiment. Ainsi, ennemla tmechi f ldjmel (la fourmi guide le chameau) ou, en kabyle, yekker wefrukh, yesselqadh babas (l?oisillon donne la becquée à son père). Si l?image du chameau traîné par une fourmi et celle de l'oiseau nourrissant son père peuvent paraître exagérées, c'est pour montrer tout le grotesque du prétentieux. Les proverbes ne manquent pas pour défier les prétentieux : «Que celui qui traite le lion d'âne, lui mette la bride !» «Qui dit que les épines ne piquent pas marche dessus pieds nus», etc. Les mérites et les qualités que met en avant le prétentieux peuvent être réels, les gens peuvent même les reconnaître, ce qui est insupportable, c?est d?en parler soi-même. H'uhu yechkar fi ruhu (Houhou chante ses vertus). Le principe, quand on est méritant, c?est de laisser les autres faire les éloges ! Un proverbe dit, à ce propos : «Qui t?a louée, ô mariée ? ? C?est ma mère, en présence de ma tante !» Autrement dit, quand les éloges ne viennent pas des autres, et surtout de personnes neutres, ils sont sans valeur.