L'évolution est naturelle et il est toujours heureux de constater qu'une personne, qui a mauvaise réputation, est devenue correcte. Ghir lebghal li ma yetbedelch (il n?y a que les mulets qui ne changent pas) ! Le changement en bien, c'est le tah'asun, avec un verbe, th'essen (s'améliorer, devenir bon après avoir été mauvais). La langue moderne parle de tat'awwur (l'évolution positive, la marche en avant, le progrès) qui s'emploie aussi bien pour les personnes que pour les situations. Il n'y a que les gens peu charitables qui s'évertuent à rappeler aux ex-mauvais, leurs défauts ou leur passé peu reluisants et cherchent, soit par méchanceté soit par jalousie, à accabler ceux qui changent. Cependant, si ceux qui changent oublient leurs antécédents et se mettent à critiquer les autres, c'est-à-dire ceux qui, aujourd'hui, ont les mêmes travers qu'eux autrefois, on ne manque pas de les fustiger : nnssa lmad'i taû, (il a oublié son passé) ; nnssa kifach kân (il a oublié ce qu?il était) ; nnssa lmizirya taû, (il a oublié sa misère) etc. C'est le misérable devenu riche qui se moque des pauvres, c'est le faible devenu puissant qui écrase les malheureux, c'est l'ignorant qui, ayant acquis la science, se rit de ceux qui n'ont pas d?instruction. On oublie que soi-même on a été ainsi ! Les proverbes sont encore plus sévères pour ce genre de personnes. Ainsi, en kabyle, on dit : «yettu wemzur iwett'an» (la chevelure devenue opulente a oublié ses lentes) ! A Alger, on dit crûment : «Tabet al q... yum wa lila, u qallet : ma bqa fi nnas taqi !» (la prostituée s'est repentie un jour et une nuit et elle a protesté : il n'y a donc plus de personne pieuse ici ?) On accepte bien de pardonner à ceux qui ont fauté, on est prêt à oublier le mal fait ou les offenses subies, mais on ne leur pardonne pas cette superbe, cet orgueil à se sentir au-dessus des autres !