- J?ai tourné deux films pour le cinéma en Algérie, Leïla et les autres de Sid-Ali Mazif en 1978, puis La Voisine de Ghaouti Bendedouche en 2000. Mais mon maître est Nadir Moknèche. Il est beau en dedans et en dehors. J?étais très heureuse de rencontrer Nadir Moknèche? Il m?a encouragée et protégée. - J?allais à l?école, mais je me suis «arrêtée à l?ardoise». Je faisais l?école buissonnière pour prendre des cours de danse. (?) Plus raisonnablement, je voulais travailler dans l?hôtellerie? Je rêvais d?être gouvernante. Je me voyais en tailleur et donnant des ordres. Mais finalement, je suis faite pour être artiste. - J?étais une rebelle, la brebis galeuse de la famille, alors que mon frère, mon cousin étaient des intellectuels. Ma mère me disait : «Tu aimes danser, vas-y !» et je passais ma vie au milieu des fards et des beaux habits. - J?étais une «emmerdeuse» sympathique et drôle. Dès l?école, je faisais le pitre et j?ai longtemps continué ainsi. Excepté durant la longue période du terrorisme et du silence. - Ma mère était très coquette. A quatre-vingt-quatre ans, elle aimait les bijoux et se faisait les ongles. Quelle que soit l?heure de la journée ou de la nuit, elle avait ses cheveux blonds toujours bien coiffés. Elle m?a beaucoup aidée à aller de l?avant, elle n?écoutait pas les gens et voulait que je fasse tout ce qu?elle n?avait pas fait. - Ma mère était croyante et généreuse. Quand elle touchait sa pension, Yemma Djamila la distribuait. Je me demandais ce qu?elle faisait de son argent. Un jour, j?ai compris? J?habite au bord de la mer, elle sortait devant la maison où se trouvaient «ceux qui tiennent le mur», comme dit Fellag, c?est-à-dire les chômeurs, les vagabonds qui attendent, assis sur un muret et leur donnait tout ce qu?elle possédait. La veille de sa mort, ils ont tous dormi sur le parking de l?hôpital, ils sont montés dans des voitures pour aller au cimetière et sont revenus à pied en cortège.