Résumé de la 1re partie n Irina Dranovic apprend par le médecin qu'elle a été victime d'un accident. Mais de quel accident, s'agit-il ?... Quel accident ? Irina bondit sur l'occasion. Mais une fois de plus, le médecin se dérobe : Chaque chose en son temps, lance-t-il en quittant la chambre. la vérité, l'effroyable vérité, Irina Dranovic la découvrira par elle-même, de façon toute bête, il est vrai. Sa tante et sa mère venues exprès de Belgrade pour la voir, oublient dans chambre d'hôpital un journal en serbo-croate. La jeune amnésique se précipite sur le document après leur départ. Et là, occupant toute la troisième page, la vérité éclate : «A Prague, dit la manchette, la jeune Irina se remet doucement de sa chute de sept mille mètres en plein ciel.» Sept mille mètres ! Sept kilomètres en chute libre ! Irina se sent prise de vertige et de nausées. Son cœur bat à tout rompre. La bouche grande ouverte, elle parcourt le très long article consacré à son extraordinaire aventure. Et, en quelques longues minutes d'une lecture sidérée, elle comble enfin son besoin de savoir. Tout s'est passé vers 10 heures du matin, alors que l'appareil survolait, à haute altitude, les montagnes tchécoslovaques. Selon toute vraisemblance, Irina devait être occupée à servir le café dans la queue de l'appareil quand la bombe a explosé. Là commence la cascade des coïncidences heureuses auxquelles Irina va devoir sa vie. D'abord, il semble que la queue de l'appareil n'ait pratiquement pas été endommagée par l'explosion, et qu'elle se soit simplement mise à chuter sans s'ouvrir ni se démembrer. Ensuite, au lieu de tomber tout droit, comme une pierre, le morceau d'appareil – celui où se trouvait Irina – a flotté dans les airs, tourbillonnant un peu à la manière d'une feuille morte. La queue s'appuie même sur la résistance de l'air aux ailerons, ce qui lui permet, en quelque sorte, de planer. C'est une chance inouïe, mais qui n'est que la première d'une longue série. Ainsi le morceau de carlingue, en arrivant au sol, devrait-il se fracasser contre la paroi de la montagne. Eh bien non ! Plutôt que de s'écraser contre un rocher, le morceau d'épave se trouve amorti par une pente très enneigée, qu'il attaque dans le sens de la descente avec un angle très ouvert. Le bloc d'acier glisse alors comme une gigantesque luge, jusqu'au précipice en contrebas. Cette fois, tout laisserait à penser que c'en est fini d'Irina. Même si la malheureuse a réussi à survivre jusqu'ici, la chute qui l'attend devrait être fatale. Pas du tout, car au lieu de continuer sur son erre, le bout d'avion bifurque, heurte des sapins qui sont bien entendu fauchés sur le coup, mais qui le ralentissent considérablement. Les dieux sont avec Irina. En bout de course, comme disposés là par une main bienveillante, tout un tas de buissons accueillent l'épave pour la stopper en douceur. Pour autant, la petite Yougoslave est loin de se trouver hors de danger. Ce coin de montagne est désolé, il y fait très froid, et la blessée se trouve dans un état critique. Les chances de la sauver sans doute faibles, même si les secours arrivaient sur-le-champ. Or de secours, il ne faut pas en espérer dans cet endroit désert. A moins que... Une fois de plus, Irina a de la chance. Un peu plus haut, un bûcheron est en train de travailler quand il assiste à l'atterrissage de l'épave. Intrigué, il décide de descendre voir ce dont il s'agit. Et l'homme découvre bientôt le morceau de carlingue tout près du ravin. En y regardant de plus près, il aperçoit des jambes ! Des jambes de femme et, ce qui est mieux, d'une femme encore vivante.» Irina, c'est peut-être le moment le plus dangereux. Les lésions qu'elle porte à la colonne vertébrale sont en effet si graves que la moindre torsion, la moindre traction peuvent lui être fatales. Au début, le bûcheron est tenté de tirer sur ces deux jambes qui dépassent. Mais, comble de chance, il se ravise aussitôt et préfère écarter les tôles pour mieux dégager la blessée. Ce faisant, le pauvre homme va s'entailler les bras par endroits et s'arracher méchamment la peau des mains, mais surtout, il va parachever l'œuvre du destin en sauvant lrina Dranovic. A suivre Pierre Bellemare