Souvenirs - Enfants, nous avons tous raconté des petits mensonges, au sujet de bonbons volés ou de vêtements déchirés. Mais pourquoi, une fois devenus adultes, continue-t-on de ne pas dire toute la vérité, rien que la vérité ? Le mensonge serait-il un mal nécessaire ? «Petite, je tombais dans tous les pièges de la franchise. C'est bien connu, la vérité sort de la bouche des enfants. La vérité n'est pas toujours bonne à dire. En d'autres termes, les enfants sont très tôt initiés au mensonge. Dès que les enfants savent parler, ils peuvent mentir. Mais c'est vers l'âge de six ans qu'ils font vraiment leurs armes», explique la psychologue Malika Khiter. C'est l'âge des gros mensonges : «Mon père a acheté une auto d'un milliard.» «Le vase s'est brisé tout seul.» L'enfant dit : «Non, j'ai pas volé» pour voir jusqu'où peuvent aller ses limites, continue Malika Khiter. «Il est très important, à ce moment-là, que les parents interviennent, sans humilier, ils ramènent leur enfant à la réalité. Dans la mesure où l'enfant sait que c'est interdit de voler, explique la psychologue, il niera spontanément avoir commis le vol si ses parents le confrontent. Les parents doivent, bien sûr, rendre leur enfant responsable de ses actes. Leurs réactions auront d'autant plus d'impact que l'enfant sentira chez eux une certaine cohérence. Je pense, par exemple, à une caissière qui rendrait trop de monnaie à un client. Si celui-ci, devant son enfant, ne sent pas le besoin de rendre l'argent, s'il dit, une fois arrivé à la maison : Elle s'est trompée, tant pis pour elle, l'enfant ne verra pas pourquoi il serait tenu, lui, de dire la vérité en tout temps. Il n'y a pas deux versions possibles.» Une fois parvenus à l'âge adulte, nos routes divergent. Certains recourent au mensonge avec parcimonie, d'autres en font un grand usage. D'où viennent ces différences ? Qu'est-ce qui nous pousse au mensonge ? «Ève a peut-être failli à sa promesse, mais Caïn est le premier à avoir menti. Vous connaissez sûrement son histoire. Le Seigneur lui préférait son frère, Abel. Devant cette intolérable situation, il n'y avait qu'une chose à faire : tuer l'objet de sa jalousie, ce que fit l'offensé. Dieu étant partout, il savait tout et n'ignorait rien. Ni de la jalousie ni du meurtre. Lorsqu'il demanda où était Abel, Caïn lui répondit : «Suis-je le gardien de mon frère ?». Comme mauvaise foi, difficile de trouver mieux ! Mais, de son point de vue, avait-il le choix ? Se soumettre de plein gré à la colère divine exigeait du courage. Caïn a voulu se protéger de la foudre. «Nous mentons en effet pour nous protéger, ou soi-disant pour protéger l'autre, précise la psychologue. En fait, c'est soi-même qu'on veut protéger. On ne peut pas prendre cette responsabilité d'assumer la peine ou la colère de l'autre parce que c'est trop culpabilisant. L'exemple classique est l'aveu d'une infidélité. Ce n'est pas pour ménager notre partenaire qu'on nie l'avoir trompé. C'est pour soi.»