L'auteur (démissionnaire du bureau de l'association des familles victimes du terrorisme de la wilaya de Tizi Ouzou) n'est autre que le frère du défunt journaliste de l'ENTV, Smaïl Yefsah, l'une des premières victimes de la décennie. Son livre a décroché le 2e prix du concours littéraire Tahar-Djaout, organisé annuellement par l'association culturelle Tussna. Qui ne connaît pas Caïn et Abel, les enfants d'Adam et d'ève. Dans ce roman, Abderrahmane Yefsah compare le vécu des Algériens, durant la décennie noire, à l'histoire fratricide de Caïn et Abel, le mythe des frères rivaux ou le frère qui tue son frère. Il raconte l'histoire d'une décennie sanglante où les actes violents faisaient la une durant les années 90, où s'est installé un véritable climat de violence. C'est l'histoire d'un couple : Taos et Boualem, un journaliste, qui s'était réfugié dans son jardin, son havre de paix, afin de fuir l'atmosphère ambiante de l'extérieur. De retour au bercail après une réunion, tenue tard dans une villa de la côte ouest d'Alger, Boualem et sa compagne prirent le chemin du retour dans un calme inhabituel et un climat de frayeur qui régnaient après que plusieurs faux barrages eurent été signalés ici et là. Une fois arrivés dans leur localité, ils étaient effarés des scènes de violence insoutenables : les gens couraient dans tous les sens, les intégristes égorgeaient tous ceux qu'ils croisaient sur leur chemin… Le couple eut la vie sauve… Au fil des pages, Boualem se remémore les sombres moments qu'il a vécus auprès de tous ses amis et sa famille qu'il a fini par perdre dans les méandres de la bêtise humaine. Il replonge dans des scènes d'horreur où la mort frappait à toutes les portes, emportant sur son sillage de nombreux intellectuels, des journalistes, des syndicalistes et des citoyens. Il revit aussi l'amour vécu avec Taos et leur quête du bonheur et du savoir à partager dans une société déboussolée. Il se demande “pourquoi vivre si ce n'est que pour revoir tout ce qu'on avait perdu comme repère et symbole ?”. S B