Les témoignages se suivent et ne se ressemblent que dans les conséquences désastreuses sur l?équilibre de ces mineures qui, fort heureusement, sont suivies par une équipe de psychologues. La perspective de n?avoir nulle part où aller à 18 ans, âge où légalement elles n?ont plus le droit à une prise en charge de l?Etat, pousse certaines jeunes filles à mentir. Nacéra, par exemple, a 19 ans et a déclaré en avoir 17 : «Je ne veux pas me retrouver dehors, je n?ai nulle part où aller.» Il est vrai que le statut de mineure la protège des abîmes de la délinquance, mais une fois l?âge de la majorité atteint, la protection est levée et l?enfant, devenu adulte aux yeux de la loi, est aussitôt remis à sa propre charge. Sachant, toutefois, qu?un adulte, qui a une jeunesse équilibrée, a du mal à se prendre en charge, on ne peut que se demander par quel miracle un jeune, ayant eu une enfance perturbée et qui a été rejeté par sa famille, puisse se réinsérer à 18 ans, âge vulnérable, alors que la société pointe sur lui un doigt accusateur ?