Cherté - A quelques jours du début du ramadan, la volaille prend des ailes et le boucher aiguise ses couteaux pour mieux égorger un consommateur agonisant. Cette flambée devenue coutumière en cette période, privera beaucoup de citoyens aux modestes revenus de ces produits nutritifs nécessaires. Ce mois sacré qui coïncide pourtant avec la saison de cueillette de beaucoup de fruits et légumes, s'annonce dur pour les citoyens, puisque les prix sont déjà inabordables alors que le pouvoir d'achat ne cesse de dégringoler. Le prix de la pomme de terre varie déjà entre 40,00 et 45,00 dinars en attendant «mieux». La courgette a atteint le seuil des 80,00 dinars. La tomate fait rougir la ménagère du haut de ses 70,00 dinars. Le navet se marchande à 145,00 dinars, l'oignon est cédé à 55,00 dinars, la salade verte à 100,00 dinars, le poivron à 170,00 dinars, la carotte à 60,00 dinars, l'ail à 80,00 dinars. Les dattes, quant à elles, s'affichent à 600,00 dinars. Les épices ne sont pas en reste. En général, ce sont des augmentations qui varient entre 30 et 40 % du prix réel. Le fameux «frik», n'est pas en marge de cette envolée vertigineuse. Son prix est fixé, selon la qualité, entre 250,00 et 400,00 dinars le kilogramme. La viande aussi ne risque pas d'accompagner la chorba du jeûneur. La viande d'agneau est affichée à 1 400,00 dinars, celle de bœuf avec os à 700,00 dinars. Le poulet, ne s'est pas fait prier pour faire le bonheur des piranhas. Le non-vidé est affiché à 450,00 dinars et le vidé à 380,00 dinars. La cause souvent évoquée a trait à la baisse de la production de ces produits de saison. C'est du moins ce que nous a indiqué ce matin un représentant de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), qui dit s'attendre à une flambée vertigineuse des produits de consommation, notamment durant la première semaine du ramadan. Pour sa part, un représentant des commerçants de gros nous a expliqué que la cherté des produits agricoles a eu des conséquences directes sur la consommation qui a nettement baissé. «La flambée des prix a fait baisser la consommation des ménages. Du coup l'activité commerciale est touchée de plein fouet, et elle a connu de ce fait une nette régression ces dernières années», a souligné la même source. Et en raison de la flambée du prix de la viande fraîche, beaucoup de citoyens se rabattront sur la viande congelée dont le prix est, d'après l'UGCAA, d'environ 500 DA le kg. «Un seuil qui ne risque pas d'être respecté par les revendeurs qui ont pris l'habitude de faire entrave à la nomenclature des prix fixés par les pouvoirs publics». En outre, cette instance prévoit une nette baisse de la consommation des Algériens de l'ordre de 20 % à cause de la cherté d'une longue liste des produits alimentaires. S'agissant de la disponibilité des produits de consommation durant le ramadan, nos interlocuteurs se sont montrés rassurants. «Normalement il y aura une bonne disponibilité des produits alimentaires» nous disent-ils. Par ailleurs, ils prévoient une hausse de la demande sur les boissons gazeuses, consommées à «outrance» durant le ramadan et la saison estivale. Ce qui risque de créer des pénuries. Colère des consommateurs Le mécontentement populaire était visible hier au niveau de certains marchés de la capitale. De violentes altercations entre commerçants et clients ont été relevées à Bab-el-Oued, quartier populaire à l'ouest du centre-ville de la capitale. D'après des sources concordantes, de violentes bagarres ont également eu lieu au marché de Bachdjarah. «Elles sont liées à la brusque flambée des prix de certaines denrées alimentaires, enregistrées ces jours-ci», nous dit un habitué de ce marché. Des tensions similaires ont eu lieu à El-Harrach et Gué de Constantine. Dans la banlieue ouest d'Alger, à Chaïba et Fouka, des jeunes ont protesté contre cette flambée inexpliquée des prix. «Ces derniers ayant quasiment doublé», nous dit l'un des frondeurs accosté à quelques mètres du marché de Bou-Ismaïl. «Une provocation de la part de la mafia, qui risque de trouver un terrain propice pour mettre le feu aux poudres. Une menace pour la République», avertissent plusieurs citoyens abordés à travers les allées de plusieurs marchés de la capitale et de sa banlieue Ouest.