l Comme à l'accoutumée, à l'approche du ramadan, les déclarations rassurantes quant à une stabilisation des prix des produits alimentaires durant ce mois se succèdent. Les associations de commerçants sensibilisent et le ministère du Commerce menace. Tout cela ne rassure pas pour autant le consommateur qui ne demande pourtant qu'à croire que ce mois-ci sera différent. Des initiatives qui se sont jusque-là toujours avérées sans effet, puisque les prix des produits alimentaires de base (fruits et légumes, viandes…) enregistrent des flambées atteignant des pics et mettant les petites bourses à rude épreuve. Sachant que la consommation augmente durant le ramadan, la plupart des commerçants n'hésitent pas à revoir les prix à la hausse sans être inquiétés. Pour ce ramadan 2010, le ministère du Commerce a lancé un appel aux commerçants pour le respect des normes, tout en menaçant les spéculateurs de «lourdes sanctions». Pour sa part, l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcca), outre le lancement de son appel à ses adhérents de faire preuve de clémence, a rassuré les citoyens que les prix ne vont pas augmenter. «Les prix des fruits et légumes ne connaîtront pas de hausse durant le ramadan, car le mois sacré coïncide avec la saison de récolte de plusieurs fruits et légumes qui permettront de couvrir la demande sur les marchés», a affirmé, hier, le secrétaire général de l'Ugcaa, Salah Souilah. Il a même estimé que le prix du poulet devrait enregistrer une baisse en se stabilisant autour de 200 DA/kg durant le ramadan contre 300 DA/kg actuellement, et ce, grâce au stock constitué par des entreprises relevant de la Société de gestion des participations de la production animale (SGP Proda), a-t-il expliqué. L'importation de 5 000 tonnes de viandes rouges en provenance de l'Inde permettra, selon M. Souilah, de réduire les prix à 450 DA/kg. Mais les citoyens ne semblent pas attirés par la viande indienne, estimant qu'une viande désossée et congelée pourrait représenter un danger pour leur santé. Certains s'interrogent même sur l'origine de cette viande et comment savoir s'il s'agit bien d'une viande ovine de bonne qualité. Cette réticence pourrait susciter une ruée sur la viande locale provoquant ainsi une hausse de son prix, déjà élevé. Le SG de l'Ugcaa a, par ailleurs, estimé que les prix des autres produits de consommation, notamment le sucre et l'huile, devront connaître une baisse. Il a souligné que l'Ugcaa mène des campagnes de sensibilisation au niveau des marchés de gros et de détail pour lutter contre la spéculation. Toutefois, cette association n'a aucune autorité réelle sur les commerçants et ses appels ne sont généralement pas suivis d'échos. Le ministère du Commerce, seul à même d'exercer un réel contrôle, mettra-t-il ses menaces à exécution ? L'appel de l'Ugcaa sera-t-il cette fois-ci entendu ? Le ramadan 2010 sera-t-il plus clément que les précédents ? Ce sont là, autant de questions qui taraudent les esprits des citoyens, à quelques jours du mois sacré.