Moins d'un mois nous sépare du Ramadhan et voilà que les prix des fruits et légumes crachent le feu déjà. La cherté des produits n'a pas été subite cette fois mais dure depuis plus d'un mois. Les marchés de la capitale affichent des prix jugés «exorbitants» par les citoyens, qui craignent déjà l'arrivée du mois sacré où les coûts dépassent le seuil du raisonnable. Habituellement, l'été est la saison où les citoyens trouvent des fruits et légumes à des prix abordables en plus de la disponibilité constatée à tous les niveaux. Ce n'est pas le cas cette année, vu les prix affichés dans les différents espaces commerciaux. Si la pomme de terre est restée proche de son prix habituel, après une hausse inhabituelle constatée en hiver dernier suite aux chutes de neige, les prix des autres produits restent loin de ceux pratiqués auparavant. Ainsi, dans les marchés de détail situés à l'ouest de la capitale, la pomme de terre est cédée à 35 dinars le kilo, le piment à 75 dinars, la tomate varie entre 50 et 70 dinars, l'oignon entre 35 et 45 dinars, la courgette entre 60 et 90 dinars, les aubergines entre 75 et 100 dinars, la carotte est cédée à 50 dinars le kilo, la laitue à 80 dinars alors que les haricots verts sont à 120 dinars. Les même prix sont appliqués au centre d'Alger. La situation est plus supportable par la population de l'est d'Alger où les prix enregistrent une sensible baisse. Ainsi, la pomme de terre est à 33 dinars, la tomate varie entre 35 et 40 dinars, l'oignon entre 25 et 35 dinars, le piment entre 50 et 60 dinars, la courgette est cédée à 50 dinars, les aubergines à 60 dinars, la carotte à 40 dinars, la laitue à 70 dinars alors que les haricots verts sont cédés entre 90 et 110 dinars. Le même constat est valable pour les viandes dont les prix ont enregistré une flambée remarquable. Le prix de la viande d'ovin dépasse les 1000 dinars dans toutes les boucheries de la capitale. Son prix varie, depuis une dizaine de jours, de 1200 à 1300 dinars. Le prix de la viande bovine dépasse les 970 dinars. Les prix des viandes blanches ne cessent d'augmenter depuis plusieurs mois déjà. Elles sont actuellement entre 600 et 800 dinars le kilogramme de dinde et entre 250 et 300 dinars le kilo de poulet. «C'est beaucoup. C'est trop cher. Les prix sont excessifs. C'est une situation anormale», affirme une mère de famille rencontrée au marché. «Le piment à l'approche du mois de juillet est à 80 dinars, c'est anormal. C'est un légume de saison qu'on a l'habitude de payer à 30 dinars maximum», dira un autre. «Vous voyez les prix de la tomate et de l'oignon, deux légumes essentiels en été qu'on retrouve relativement chers cette année. Je ne parle pas des viandes, ça devient inaccessible. Je crois que c'est le mois de Ramadhan qui a ouvert l'appétit des commerçants. On se demande comment va être la situation durant le mois sacré ?», s'interroge un retraité. La marge élevée entre les grossistes et les détaillants De leur côté, les commerçants reconnaissent que les prix sont élevés et imputent cette situation à la cherté constatée dans les marchés de gros. «Je m'approvisionne au marché de gros de Hattatba. Je prends une marge bénéficiaire très réduite qui va jusqu'à 10 dinars sur le prix d'achat», nous avoue un marchand de légumes. Au niveau de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), la cherté des prix constatée dans les marchés est due à deux facteurs. Hadj Tahar Boulanouar, porte-parole de l'organisation, évoque «un déséquilibre entre l'offre et la demande». «La faiblesse de la production des fruits et légumes par rapport à la demande a créé un déficit situé entre 20% et 30 %», a-t-il indiqué illustrant ces propos par le fait que «les chambres froides sont quasiment vides». Selon lui, l'importance de la marge des prix entre les grossistes et les détaillants, qui varie entre 50 et 100%, est un facteur qui a contribué à cette hausse. Pour le mois de Ramadhan, M. Boulenouar rassure sur la disponibilité des produits. Néanmoins, il craint deux facteurs qui risquent de faire augmenter les prix encore plus. Il s'agit des coupures électriques. «Ce qui va occasionner une perte de marchandises à divers niveaux et provoquera des pénuries de plusieurs produits vu que les commerçants éviteront de s'approvisionner en quantités importantes en l'absence d'énergie électrique», précise-t-il. Le porte-parole de l'UGCAA alerte sur les dangers des intoxications alimentaires dues à la chaleur et aux mauvaises conditions de conservation.