Terreur - Une fois lâché, ce monstre pouvait être très dangereux. C'est «Johnny», le vendeur ambulant de bonbons, qui en fera l'expérience. C'est une petite ville du sud du pays tranquille et sans histoire où les musulmans du deuxième collège n'ont jamais droit au chapitre. Sauf ceux qui avaient leur certificat d'études mais ils se comptaient sur les doigts d'une main. Pour maintenir la paix et assurer l'ordre dans l'agglomération, les Français avaient ouvert une petite brigade de gendarmerie à l'entrée de la cité et une antenne de police communale au centre, dirigée par quatre fonctionnaires : deux supplétifs musulmans qui s'étaient distingués au cours de la Seconde Guerre mondiale, un chaouch chargé de l'entretien des lieux, un commissaire qui n'attendait que sa retraite et un policier colonial, pied-noir pur-sang du nom de Samaquoi. C'était lui en réalité qui faisait toute la besogne en bicyclette. Il interpellait les étrangers, vérifiait leur identité, dressait des procès-verbaux et, par-dessus tout, éprouvait un malin plaisir à humilier les commerçants qui n'étaient pas en règle avec leur patente. C'était un terreur. Au bistrot, il ne payait jamais sa tournée et au marché son couffin était rempli à l'œil. Et s'il faisait autant peur c'est parce que cette peste était toujours accompagnée de son berger allemand. Une fois lâché, ce monstre pouvait être très dangereux. C'est «Johnny», le vendeur ambulant de bonbons, qui en fera l'expérience. On l'avait appelé ainsi parce qu'il adorait les films américains. Cet adolescent de 16 ans sera littéralement déchiqueté par la bête et il mettra huit mois pour s'en remettre. Une fois guéri de toutes ses blessures et sans avertir ses parents, il prendra le maquis où il se vengera des Français. Il mourra les armes à la main et une rue porte aujourd'hui son nom. Quant à Samaquoi le «taghout» il tombera dans un piège grossier. On lui fera croire qu'un «fellaga» avait trouvé asile dans la maison d'un douar pas très éloigné et que s'il voulait le capturer vivant, il devait venir sans son chien et sans renfort. Ce qu'il fera d'ailleurs sans réfléchir. Une fois arrivé sur place il sera taillé en pièces par une trentaine de chiens du douar lâchés par les paysans. «Johnny» était ainsi vengé deux fois.