Ordonnance - La grande décision de cet été 2012 n'est autre que le retour de la société pétrolière, Sonatrach, dans le football national et avec elle d'autres entreprises pour sauver le professionnalisme. Lorsqu'il y a quelques mois, lors de certains débats dans les médias, nous évoquions la possibilité du retour des grandes entreprises nationales dans les affaires du sport algérien, et le football en particulier, il s'est trouvé des sceptiques qui estimaient qu'il s'agissait d'un projet utopique. Certains voyaient même que le retour des grandes entreprises nationales ne s'accordait pas avec le statut des Sociétés sportives par actions (SSPA) créées dans le cadre du professionnalisme, oubliant que le sport était avant tout une affaire de politique et d'avenir socioéconomique et que l'Etat a son mot à dire, surtout lorsqu'il faut sauver les meubles et reprendre un secteur en désuétude depuis plusieurs années. Le débat en ce moment sur les retombées et le bilan catastrophique de la participation algérienne aux derniers jeux Olympiques de Londres ne peut qu'édifier le caractère urgent de revoir complètement la politique et la façon de faire dans ce secteur névralgique et sensible que celui de la jeunesse et des sports. Ce n'est d'ailleurs pas par pur hasard que des décisions ont été prises à un très haut niveau de l'Etat pour l'intégration ou la réintégration des clubs au sein de la Sonatrach et de ses filiales pour les sauver d'une faillite inévitable, car après deux ans de «professionnalisme», tous les clubs, sauf l'USM Alger du groupe ETRHB d'Ali Haddad, sont en situation de dépôt de bilans. Avec ses grands moyens, la Sonatrach va ainsi servir de locomotive pour entraîner d'autres grandes entreprises, mais aussi rassurer les opérateurs du secteur privé à s'engouffrer davantage dans la chose sportive afin de sortir non seulement le football mais aussi les autres disciplines de leur léthargie. Toutefois, il ne faut pas penser que la problématique du sport en Algérie est seulement d'ordre financier, car la ressource humaine, les compétences, le «managériat», la performance, la bonne gouvernance, la planification, les infrastructures sont autant de facteurs de réussite ou d'échec s'ils viennent à manquer. D'ailleurs, la guéguerre que se livrent en ce moment certains dirigeants de la famille mouloudénne pour une place au «soleil»avec le retour de Sonatrach, est plus que significative sur l'état d'esprit et la course vers des intérêts sordides qui prévalent encore. Le retour de l'Etat et de ses grandes sociétés dans le sport, et surtout dans le football, ne doit pas signifier un retour au «tachham» institutionnalisé ! Dans un passé récent, même lorsque la Sonatrach gérait le MCA – jusqu'en 2001 – certains se sont enrichis grâce au football, surtout dans les transferts de joueurs et autres entourloupettes que seuls les dirigeants de ce milieu savent faire ! Un assainissement du milieu du football où l'affairisme, le blanchiment d'argent, la corruption, l'incompétence, pour ne citer que ces maux, sont monnaie courante, est plus qu'incontournable. Car si le partenariat public – privé (PAP) prôné par les pouvoirs publics a peut-être donné des résultats dans d'autres secteurs que le sport, il n'est pas aussi évident que cela sera le cas dans le foot. Ce qui est certain, c'est que le retour des sociétés nationales est un signe d'échec de la politique sportive prônée depuis deux décennies en Algérie.