Paradoxe - Depuis le passage au professionnalisme, sur une décision politique, l'investissement dans les clubs est devenu plus que problématique. L'Etat est censé se retirer des affaires, mais ce ne sera pas le cas. La décision de passer au professionnalisme a été une décision politique pour répondre aux exigences de la FIFA qui incite toutes les associations qui lui sont affiliées, à se mettre aux normes et aux standards reconnus de gestion et de «bonne» gouvernance. A la veille de la troisième année de ce projet qui se veut être une réforme dans le système d'élite, les signaux restent toujours au rouge, notamment en matière d'investissement où les capitaux privés ne se bousculent pas du tout aux portillons des clubs. On peut même dire que notre sport-roi est en train de vivre une crise en sourdine qui a eu comme conséquence des mouvements de rue, comme ce fut le cas en juin dernier où des milliers de supporters du Mouloudia d'Alger ont investi la place Kettani à Bab El-Oued pour réclamer, non seulement le départ de certains dirigeants, mais d'exiger un salut pour leur club, mais qui ne peut être que celui de tous les autres clubs d'Algérie. Depuis, les choses ont bougé. L'argent de la débrouille - c'est comme ça qu'on devra l'appeler car ne connaissant pas sa provenance - a permis au MCA de payer quelques arriérés, d'engager un entraîneur étranger et de se permettre un stage en Pologne. De son côté, la première société publique du pays, la Sonatrach pour ne pas la nommer, a décidé de réinvestir dans le football en reprenant des parts dans la société qui gère cette discipline, pour ne pas dire une plus grande part. Le débat se situe d'ailleurs à ce niveau depuis plusieurs jours dans certaines sphères. Du coup, c'est de nouveau une décision politique prise en haut lieu qui vient tenter de sauver ce projet de professionnalisme où l'arrivée des capitaux privés n'est pas pour demain, du fait que les règles et les procédures de les protéger, voire de les fructifier, ne sont pas encore établies. Aujourd'hui, pour rester sur l'exemple du Mouloudia d'Alger qui demeure un cas d'école à ce niveau, le souci du responsable du football est de trouver de nouveaux fonds (on parle de 20 millions de dinars, soit 2 milliards de centimes) pour boucler le recrutement et payer ce qui reste à payer, en attendant de jours meilleurs. En faisant cela, Ghrib aura juguler un tant soit peu la grogne des supporters qui voulaient son départ et donner de l'espoir à une galerie qui reste prête à réinvestir la rue au moindre couac. Ce qui fait dire à certains, que le retour de l'Etat-providence, par les temps de disette qui courent, est plus que vitale pour sauver un projet que même le groupe ERTRHB d'Ali Haddad, propriétaire de l'USM Alger depuis deux ans, a du mal à concrétiser sur le plan sportif puisque le club de Soustara n'a gagné aucun titre depuis qu'il a investi gros. Pis encore, ce dernier a été agressé au sens propre et figuré lors d'un déplacement à Saïda pour un banal match de championnat ; incident qui aurait pu provoquer mort d'homme et remettre en question beaucoup de choses. Heureusement que les appuis venus «d'en haut» ont rassuré Haddad de poursuivre une mission dans un milieu qui ne génère pas de revenus, mais plutôt des ennuis. C'est pourquoi, demain lundi, une réunion, nous dit-on importante, entre un groupe d'investisseurs est très attendue du côté du Mouloudia d'Alger afin de monter un consortium privé qui rentrera dans le capital de la SSPA. Les initiateurs de ce projet PPP (partenariat public privé) fondent de grands espoirs sur cette démarche qui ferait- pourquoi pas modèle, et qui inciterait d'autres opérateurs et investisseurs à s'impliquer dans ce grand chantier qu'est le football professionnel. A condition, bien évidemment, d'assainir le milieu (chose la plus difficile pour ne pas dire utopique à faire), et de mettre les bonnes règles et surtout de les appliquer.