‘Histoire de l'Algérie à la période coloniale', un ouvrage coécrit par des historiens et chercheurs algériens, français et d'autres nationalités, est paru, jeudi, simultanément en Algérie et en France. Ce livre est coédité par les éditions françaises la Découverte et algériennes Barzakh. Sa parution coïncide avec le cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie. Le livre est scindé en quatre périodes, qui permettent de «mettre en évidence les transformations» de l'Algérie sous la domination coloniale française, de 1830 à 1962. Dans la première période (1830-1880), les auteurs relèvent que si la date de 1830 est «évidente» (la prise d'Alger par les Français), celle de 1880 l'est moins. Du fait que celle-ci marque, selon eux, le début de la «soumission définitive» de la résistance des Ouled Sidi Cheikh et, qu'entre-temps, la prise de possession de l'Algérie a été progressive, incluant la conquête militaire, la colonisation foncière, la résistance des Algériens par les insurrections et le remodelage des structures socioéconomiques algériennes par la France. Durant la période 1881-1918, il est fait état de «deux Algérie» qui s'organisent alors : celle des «Européens», avec le déploiement de la colonisation, aussi bien au plan de la propriété foncière que sur le plan urbain, mais également celle des Algériens qui, après la phase de conquête et de soumission, retrouve un essor démographique et social. Entre les Deux Guerres mondiales (1919-1944), le colonisateur commence à se poser la question sur le statut des Algériens : «Faut-il les assimiler à la cité française ou bien les laisser à ses portes, dans l'indigénat ?» L'Algérie «algérienne», de son côté, commence à jouer un rôle moteur. C'est le moment de l'«entrée en politique», au sens partisan du mot, et de l'essor d'un culturalisme musulman et arabiste, en prenant de l'autonomie sur les plans politique et culturel par rapport aux «Européens». Plus loin dans le chapitre consacré à la période 1945-1962, les auteurs du livre soutiennent que les massacres du 8 Mai 1945 à Sétif, Guelma et Kherrata (est d'Alger) ont joué un rôle «déterminant» dans le déclenchement, plus tard, de la Guerre de Libération nationale, le 1er Novembre 1954. Cette lutte a été couronnée par l'indépendance en 1962, grâce, estiment-ils, à un mouvement nationaliste porté par une tendance à l'activisme que la Guerre de Libération nationale révèle dans sa forme aboutie. R. C. / APS