Affaire n L'Agence antidopage américaine (Usada) a annulé, hier, vendredi, l'ensemble des résultats de Lance Armstrong depuis 1998, y compris ses sept victoires dans le Tour de France. Le coureur a été radié à vie du cyclisme professionnel pour infractions aux règles antidopage. Armstrong a immédiatement bravé l'Usada en annonçant sur son compte twitter qu'il participerait (ce samedi) à une course amateur de VTT à Aspen, sur les quatre montagnes du domaine skiable de la célèbre station de sports d'hiver américaine et dimanche à un marathon. L'Usada confirme ainsi l'annonce faite jeudi soir par son directeur général, Travis Tygart, peu après que l'ancien roi du peloton, âgé de 40 ans, eut renoncé à contester la procédure disciplinaire de l'Usada, après avoir passé deux mois, en vain, à tenter de la bloquer devant la justice fédérale américaine. La balle est toutefois désormais dans le camp de l'Union cycliste internationale (UCI), à qui revient théoriquement la décision de priver Armstrong de son palmarès. L'affaire pourrait donc traîner un peu en longueur, d'autant que la durée de la suspension risque aussi de poser problème, puisque le Code mondial antidopage prévoit qu'un athlète peut être suspendu à vie de toute compétition sportive seulement en cas de récidive. Or Lance Armstrong, qui rappelle qu'il n'a jamais été contrôlé positif malgré les centaines de tests qu'il a subis dans sa vie, n'a pas été condamné pour la moindre infraction antidopage à ce jour. Pour justifier la dureté de cette sanction, l'Usada évoque des circonstances aggravantes, comme la multiplication des violations des règles antidopage, la participation à un schéma sophistiqué de dopage, ou encore le trafic et l'administration de substance ou méthodes interdites. L'Usada s'appuie également sur les échantillons sanguins de l'Américain collectés en 2009 et 2010, l'année de son bref retour après quatre ans de retraite, «parfaitement compatibles avec des manipulations sanguines incluant l'usage d'EPO et/ou de transfusions sanguines». Le patron de l'Agence mondiale antidopage (AMA), John Fahey, a estimé que la décision du coureur de l'abandon de son bras-de-fer avec l'Usada ressemblait fort à un aveu de culpabilité. L'annonce de l'Usada a secoué le monde du cyclisme, à l'image déjà ternie par d'autres scandales de dopage. Son ancien directeur sportif Johann Bruyneel et la légende Eddy Merckx ont volé au secours d'Armstrong, le second soulignant que «tous les contrôles qu'il a passés, plus de 500 depuis l'an 2000, se sont révélés négatifs». Son équipementier Nike a également assuré qu'il allait continuer de soutenir le champion cycliste déchu et sa fondation contre le cancer, maladie qu'il a vaincue en 1997. L'Américain, champion du monde en 1993 avant son cancer, a remporté sept Tours de France consécutifs de 1999 à 2005, un record, après sa maladie. A l'époque moderne, deux coureurs ont gagné le Tour sur tapis vert à la suite d'un contrôle antidopage positif du vainqueur, l'Espagnol Oscar Pereiro en 2006 après la disqualification de l'Américain Floyd Landis et le Luxembourgeois Andy Schleck en 2010 après celle de l'Espagnol Alberto Contador. Mais dans le cas d'Armstrong, chambouler le palmarès du Tour s'apparente à un casse-tête. A titre d'exemple, son dauphin a été à trois reprises (2000, 2001, 2003) l'Allemand Jan Ullrich, lui aussi sanctionné pour dopage dans le cadre de l'affaire Puerto et privé récemment de sa 3e place du Tour 2005. «Aujourd'hui, je tourne la page», déclare pour sa part Armstrong, qui veut désormais se consacrer à sa fondation Livestrong contre le cancer.