Constat - Le monologue reste le parent pauvre du 4e art chez nous, alors que c'est un genre à part entière. Omar Fetmouche, directeur du Théâtre régional Malek-Bouguermouh de Béjaïa, également dramaturge et metteur en scène, souligne qu'il y a méprise, voire confusion, dans l'approche du monologue, chez nous. Il estime en conséquence la nécessité de ne pas confondre le monologue qui est un genre théâtral à part entière avec ses principes et son esthétique, avec le monodrame ou le one man show. «Il règne une grande confusion dans le théâtre algérien entre monologue, monodrame et one man show», souligne-t-il, et de poursuivre : «Il s'agit de trois disciplines distinctes d'un théâtre à distribution unique (un seul comédien).» Omar Fetmouche tient à expliquer que «les trois disciplines ne peuvent être perçues de la même manière, puisque le monodrame est un travail théâtral à part entière, (comprenant l'écriture dramaturgique, la mise en scène, la performance du comédien et parfois la chorégraphie). Le monologue n'est qu'une performance individuelle dans une pièce théâtrale alors que le one man show est basé sur le rire et la dérision. De ce fait, les trois disciplines ne peuvent être jugées ou produites de la même façon». Omar Fetmouche estime que le monologue est un exercice nécessitant un grand capital d'expérience sur la scène.«Avant de se lancer dans une expérience théâtrale en solo, il faut avoir un potentiel d'expérience et de pratique théâtrale», dit-il, tout en regrettant, par ailleurs, que certains comédiens y recourent seulement par facilité. «Il est regrettable de voir aujourd'hui le monologue devenir un choix de facilité», déplore-t-il, et d'ajouter : «Il y a en effet un dérapage extraordinaire des jeunes qui préfèrent s'orienter vers le one man show, en imitant les autres, laissant ainsi de côté leur propre personnalité.» Si en effet aujourd'hui l'orientation des artistes vers cette discipline se fait de plus en plus, c'est parce que le monologue n'exige pas autant de budget qu'une pièce à large distribution. Autrement dit, à défaut de moyens financiers, nombreux sont les comédiens ou comédiennes – ceux qui veulent vivre pleinement leur passion et s'y épanouir – à s'investir dans ce type de pratique théâtrale. Le monologue a fait son apparition dans les années 1970, avec notamment Homk Salim (la folie de Salim) de l'illustre Abdelkader Alloula. L'on peut citer également Et à l'aurore, où est l'espoir ? de Kadoud Naïmi... Plus tard, dans les années 1980, le monologue prend des proportions artistiques plus larges et est davantage pratiqué. Cette forme d'expression théâtrale est plus courante dans les années 1990. La femme ne va pas tarder à investir le monologue en abordant surtout les questions féminines et donc la condition de la femme algérienne dans la société. L'on peut énumérer parmi ces comédiennes Sonia dans Fatma, Fadéla Assous dans El-Besma el-majrouha, Dalila Hlilou dans Baya... «Mais c'est dans les années 2000 que cet art va prendre ses quartiers dans le théâtre algérien, s'imposant ainsi comme un genre à part entière qui évolue», dira Omar Fetmouche, même s'il reste encore beaucoup à faire dans ce sens, pour dissiper toute confusion ou équivoque.