Conséquences - Le mot est sans doute faible mais la corruption a causé des dégâts considérables dans notre pays. Un ancien Premier ministre qui vit aujourd'hui à Londres a estimé un jour qu'entre les vols, les détournements de l'argent public et la corruption, l'Algérie perdait 26 millions de dollars de l'époque. S'il est périlleux, voire impossible de quantifier par un chiffre le produit de la corruption dans notre pays, il est néanmoins facile de se rendre compte qu'elle a pollué tous les secteurs. Des P-DG, des directeurs centraux, des cadres de ministère, des juges, des gestionnaires, des médecins spécialistes sont passés à l'instruction et certains pourrissent derrière des barreaux de prison. Et nous ne parlons pas de walis et de chefs de daïra. Mais comment faire face à un phénomène qui n'est pas près de s'arrêter ? Existe-t-il une parade pour le juguler et le contenir ? La question a été maintes fois posée par des partis politiques, des syndicats et la société civile sans jamais entrevoir le moindre début de réponse. Des observatoires et des organisations internationales ont même vu le jour sans pour autant l'enrayer. Et ce ne sont pas des séminaires avec force analyses et force contributions qui arriveront à la stopper. Ce genre de rencontres et de forums est capable certes de produire des séries de recommandations, des conseils, d'appeler à la vigilance mais sans plus. Comme dit le proverbe chacun voit midi à sa porte et certains pays ont expérimenté leur propre recette pour mettre un frein à un mal qui a gangrené toute la société. Ce remède consistait à augmenter de façon substantielle le salaire des juges en les encourageant par des bonus et des primes de toutes sortes. Les Italiens, à l'origine de cette initiative, n'ont pas obtenu à l'évidence les résultats qu'ils escomptaient. Ils se sont rendu compte que l'argent ne pouvait pas garantir l'intégrité et que seules des convictions profondes capables de résister à toutes les tentations pouvaient faire barrage au phénomène. Autrement dit les diplômes qui assurent la compétence, ne garantissent pas forcément l'honnêteté surtout quand les postes occupés sont sensibles et très exposés. Il y a donc un véritable travail à faire en amont de ce phénomène... sauf malheureusement qu'il n'y a pas de diplômes particuliers qui prémunissent de la corruption. C'est l'école, c'est la famille, c'est parfois aussi et peut-être surtout la foi dans les valeurs pérennes qui pétrissent et façonnent un homme ou une femme qui peuvent aboutir à un résultat. «Rachwa», «chkara» il n'y a pas un seul sermon les vendredis où les imams ne déclarent pas la guerre à «ces fidèles qui viennent prier, toute honte bue, après s'être vautrés et repus de l'argent sale dont ils nourrissent leurs enfants.»