Le quotidien El Watan a abord�, jeudi, lors de son forum mensuel la probl�matique de la corruption. Huguette Labelle, pr�sidente de Transparency International, et les universitaires Fatiha Talahite et Jean Cartier-Bresson ont tent� une �autopsie� de ce fl�au. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - �La d�finition exacte du mot autopsie signifie : constater une chose de ses yeux. Mais il est clair qu�en Alg�rie la corruption cr�ve les yeux !� Cette phrase, lanc�e par un citoyen lambda au cours des D�bats d� El Watan, pourrait, � elle seule, servir d�indice de perception de ce fl�au dans notre pays. Pour Fatiha Talahite, chercheur au CNRS, Universit� de Paris 13, la corruption en Alg�rie ne date pas d�aujourd�hui. �Durant la p�riode coloniale, la corruption a �t� utilis�e largement par l�administration fran�aise. Ce moyen lui a permis de conf�rer les pouvoirs � certains chefs de tribu et de g�rer la rente fonci�re�, explique-t-elle. Ce ph�nom�ne a cependant connu une baisse sensible une fois l�ind�pendance acquise. �Les Alg�riens �taient alors anim�s d�un certain id�al h�rit� de la R�volution. Mais cet id�al s�est vite estomp� avec l�arriv�e du socialisme et l�interdiction de la propri�t� priv�e. Des richesses se sont constitu�es et ont circul� de fa�on ill�gale. Aujourd�hui encore, il est quasiment impossible de quantifier et d�identifier la corruption � cette �poque tant le syst�me �tait opaque�. L�universitaire consid�re toutefois que ce fl�au �s�est largement d�mocratis� durant les ann�es 80. �L�ouverture d�mocratique et m�diatique a donn� lieu � une s�rie de d�nonciations. Durant cette p�riode, plusieurs responsables ont �t� montr�s du doigt. C�est � cette �poque qu�a �clat� l�affaire des 26 milliards. Mais en l�absence de lois, il �tait impossible de lutter contre la corruption�, indique-t-elle en rappelant �galement la chasse aux sorci�res d�clench�e dans les entreprises publiques par l�ex-chef du gouvernement Ahmed Ouyahia. Fatiha Talahite semble cependant optimiste. D�apr�s elle, l�Alg�rie peut saisir l�opportunit� de la mondialisation pour lutter efficacement contre la corruption. �Dor�navant, les pressions internationales seront telles que le gouvernement se devra de lutter contre ce fl�au. Il faudra se mettre aux conditions des autres. Mais il est important que l�Alg�rie ne se soumette pas syst�matiquement aux m�canismes d��valuation internationaux. Elle doit mettre en place ses propres moyens d��valuation.� Huguette Labelle, pr�sidente de l�ONG Transparency International, est elle aussi revenue sur les m�canismes d��valuation des pays en mati�re de corruption. �L��laboration et la publication des indices de perception sont les seuls moyens de mesurer la corruption. Aujourd�hui, il est quasiment impossible de quantifier ce ph�nom�ne. La Banque mondiale estime � 1000 milliards de dollars US les sommes perdues dans la corruption, c�est �galement le chiffre avanc� par le Font mon�taire international pour le blanchiment d�argent�, a annonc� la pr�sidente de TI. Selon elle, �une justice forte et ind�pendante et un syst�me financier transparent sont les meilleurs moyens de lutter contre la corruption �. �Les citoyens doivent conna�tre dans les moindres d�tails les fonds qui sont allou�s par l�Etat. Le budget doit �tre transparent et accessible. Il faut �viter de mettre les revenus de la rente p�troli�re dans un fonds sp�cial�, dira-t-elle en faisant allusion au Fonds de r�gulation des recettes. Jean Cartier-Bresson, professeur agr�g� des universit�s � l�Universit� de Versailles, a abord� la question de la lutte contre la corruption sous un angle plus acad�mique. Selon cet �conomiste, la lutte contre ce fl�au doit entrer dans le cadre global de l�instauration de �la bonne gouvernance�. �Les vastes r�formes qui m�nent vers la bonne gouvernance ont un co�t � court terme et les premiers b�n�fices n�apparaissent qu�� long terme.� D�apr�s lui, les soci�t�s des pays en voie de d�veloppement h�sitent aujourd�hui � engager ce processus long et fastidieux. �Chaque pays doit trouver sa voie. Il faut une ouverture graduelle et adapt�e�, a insist� Jean Cartier-Bresson. T. H.