Résumé de la 56e partie - Tout porte à croire que c'est Brenda qui a subtilisé le second testament. Mais comment s'y serait-elle prise ? Après le départ de Taverner, nous restâmes silencieux un instant. Je me décidai enfin à parler — Un assassin, papa, à quoi ressemble-t-il ? Le «pater» leva la tête et me regarda d'un air pensif. Nous nous comprenons si bien qu'il savait parfaitement pourquoi je posais la question. Il y répondit avec le plus grand sérieux. — Evidemment, dit-il, je me rends compte... Tu ne peux plus regarder les choses en simple spectateur... En effet, j'avais toujours suivi avec intérêt, mais en amateur, les affaires «sensationnelles» du Criminal Investigation Department, la brigade des recherches criminelles, dont le CID s'occupait. Mais, ainsi que mon père venait de le faire observer, dans le cas présent, ma position ne pouvait être celle d'un simple curieux.., — Je ne sais, poursuivit-il, si c'est bien à moi qu'il faut demander ça. Les éminents psychiatres qui travaillent avec nous ont sur le sujet des idées bien arrêtées. Taverner, lui aussi, pourrait t'en dire long. Mais ce qui t'intéresse, j'imagine, c'est de savoir ce que je pense là-dessus, moi, après avoir fréquenté les criminels pendant des années et des années ? — Exactement, dis-je. Traçant de la pointe de l'index un cercle sur son sous-main, le «pater» reprit : — Des assassins ? J'en ai connu de bien sympathiques... J'eus un mouvement de surprise, qui le fit sourire. Il poursuivit : — Mais oui, bien sympathiques !... Des types ordinaires, comme toi et moi, ou comme ce Roger Leonidès qui sort d'ici. Le meurtre, vois-tu, est un crime d'amateur. Je ne parle pas, bien entendu, des gangsters, mais des assassins d'occasion. Ceux-là, on a souvent l'impression que ce sont de très braves. Des gens dont on dirait presque qu'ils n'ont tué que par accident. Ils se trouvaient dans une position difficile, ils désiraient désespérément quelque chose, de l'argent ou une femme, et, pour l'obtenir, ils ont tué. Le frein, qui existe chez la plupart d'entre nous ne fonctionne pas chez eux. L'enfant, de même, passe immédiatement de l'intention à l'action. Furieux contre son petit chat, il lui dit : «Je te tuerai !», puis il l'assomme à coups de marteau, quitte à pleurer ensuite toutes les larmes de son corps parce qu'il lui est impossible de le ressusciter. La notion du bien et du mal s'acquiert assez rapidement, mais, chez certaines gens, le fait n'empêche rien. À ma connaissance, le meurtrier n'a jamais de remords. Son raisonnement n'est pas le nôtre : il n'a rien fait de mal, il a accompli un geste nécessaire, le seul qui lui permettait de sortir de l'impasse, et c'est la victime qui est responsable de tout. (A suivre ...)