Résumé de la 68e partie - L'épouse de Roger révèle à Charles que son mari n'était pas un homme d'affaires... Vous avez cru, reprit-elle, que Roger avait tué son père par cupidité... et vous l'avez même laissé entendre à la police. C'était ridicule, plus encore que vous ne pouvez croire ! Je confessai humblement, que maintenant, je m'en rendais compte. — Quand Roger a compris que le krach était désormais inévitable et imminent, il a éprouvé comme un sentiment de soulagement. Il était navré, à cause de son père, mais pour le reste, il se sentait délivré. Il ne pensait qu'à ce que serait notre nouvelle existence... — Où comptiez-vous vous rendre ? demandai-je. — Aux Barbades. Un lointain cousin à moi est mort là-bas, il y a quelque temps, me laissant une petite propriété. Peu de chose, mais plus qu'il ne nous en fallait. Nous aurions été terriblement pauvres, mais nous aurions lutté et gagné de quoi subsister. Nous n'en souhaitions pas plus. Nous aurions été ensemble... et heureux. Après un soupir, elle poursuivit : — Ce qui tracassait Roger, c'était la pensée que ça m'ennuierait d'être pauvre. Une idée ridicule, qui s'explique sans doute par le seul fait qu'il appartient à une famille où l'argent a toujours beaucoup compté. Quand mon premier mari vivait, nous étions pauvres, très pauvres... Roger considère que j'ai accepté cette situation avec beaucoup de courage. Il ne comprend pas que j'étais heureuse, vraiment heureuse ! Heureuse comme je ne l'ai jamais été depuis... Et, pourtant, je n'ai jamais aimé Richard comme j'aime Roger ! Elle ferma les yeux à demi, les rouvrit et, tournée vers moi, ajouta : — De sorte que, vous voyez, je ne tuerais jamais quelqu'un pour de l'argent. Je n'aime pas l'argent. Elle disait la vérité, je n'en doutais pas. Elle était de ces gens, très rares, pour qui l'argent demeure sans attraits. Ils abhorrent le luxe et lui préfèrent l'austérité. Seulement, on peut aimer l'argent, non pour lui-même, mais pour la puissance qu'il confère. — Que vous ne teniez pas à l'argent en soi, dis-je, je le veux bien ! Mais il rend possibles bien des choses intéressantes. Les recherches scientifiques, par exemple... Je me figurais que Clemency se passionnait pour ces travaux. — Là-dessus, me répondit-elle, je suis très sceptique. Les fonds des mécènes sont généralement dépensés à tort et à travers. Presque toujours, les résultats qui comptent sont obtenus uniquement avec de l'enthousiasme, de l'intelligence et de l'intuition. Les laboratoires équipés à grands frais rendent moins de services qu'on imagine. Souvent, parce qu'ils sont en mauvaises mains... — Regretterez-vous d'abandonner votre travail quand vous irez aux Barbades ? demandai-je. Vous partez toujours, je pense ? — Oh ! certainement. Dès que la police nous le permettra... Je m'en irai sans regrets. Pourquoi en aurais-je ? J'aurai tant à faire là-bas ! (A suivre...)