Résumé de la 22e partie n Mary Aldin pense que, pour une raison quelconque, c'est Audrey qui tient absolument à cette rencontre. Le timbre de sa voix, doux et cristallin, évoquait le tintement d'une clochette d'argent. Pendant un moment, les deux femmes échangèrent à bâtons rompus des nouvelles d'amis communs et abordèrent des sujets divers. — Outre la joie que j'ai à vous revoir, ma chérie, lança enfin lady Tressilian, je vous ai demandé de venir parce que j'ai reçu de Neville une lettre qui m'a causé quelque surprise. Audrey releva la tête. Ses yeux, grands ouverts, ne reflétaient que le calme et la tranquillité — Ah bon ? — Il suggère – idée absurde s'il en fut jamais ! – que... enfin que Kay et lui ne viennent ici qu'en septembre. Il prétend qu'il veut que Kay et vous deveniez intimes, et que vous-même trouvez, de votre côté, que c'est une bonne idée. Tout, dans l'attitude de la vieille dame, exigeait une réponse. — Est-ce vraiment.., aussi absurde ? interrogea Audrey d'un ton placide. — Ma chérie !... Souhaitez-vous réellement une telle rencontre ? Audrey laissa passer quelques instants avant de préciser : — Je crois, en effet, que ça pourrait être une bonne chose. — Vous voulez vraiment faire la connaissance de cette... enfin, faire la connaissance de Kay ? J'estime sincèrement, Camilla, que cela pourrait... simplifier les choses. — Simplifier les choses ! Lady Tressilian en demeura presque sans voix. — Chère Camilla, murmura Audrey. Vous avez toujours été si bonne. A partir du moment où Neville le souhaite… — Je me contrefiche de ce que peut souhaiter Neville coupa la vieille dame avec vigueur. Le souhaitez-vous, vous ? C'est la question que je vous pose. Audrey rougit à peine. Son teint prit la nuance rosée d'un coquillage exotique. — Oui. Je peux dire que je le souhaite. — Eh bien, ça ! Eh bien, ça ! — Mais, bien entendu, tout dépend de vous. Vous êtes ici chez vous, et… — Je ne suis plus qu'une vieille femme, murmura lady Tressilian, paupières closes. Et je ne comprends plus rien à rien. — Il va de soi que... que je peux venir à une autre période. N'importe quand fera mon affaire. — Vous viendrez en septembre, comme toujours, un point, c'est tout. Et Neville et Kay peuvent venir aussi, si ça leur chante. Je suis peut-être vieille, mais j'imagine que j'ai encore la force de m'adapter, aussi bien que quiconque, aux bouleversements de la vie moderne. N'ajoutez plus un mot, Audrey. C'est réglé. Elle ferma à nouveau les yeux, puis les rouvrit à peine, chevet. — Eh bien, vous avez obtenu ce que vous vouliez ? Audrey sursauta. — Oh, oui... Oui. Merci. — Ma chérie, reprit lady Tressilian, soucieuse, êtes-vous sûre que tout cela ne risque pas de vous faire du mal ? Vous adoriez Neville, je le sais. Vos cicatrices pourraient bien se rouvrir… (à suivre...)