Un pilote d'Aeroflot accuse la première compagnie aérienne russe, membre de l'alliance SkyTeam d'Air France/KLM, de faire des économies au détriment de la sécurité, dans une interview publiée ce jeudi. Le commandant de bord, Igor Deldioujov, avait été limogé par Aeroflot pour avoir fait travailler un troisième pilote à bord d'un vol aller-retour Moscou -Tokyo. Il a récemment gagné un procès contre la compagnie, qui se voit obligée de le réintégrer dans ses effectifs. Il raconte qu'Aeroflot minimise dans ses emplois du temps le nombre d'heures de vol des liaisons long-courrier pour éviter d'être obligée de mettre un troisième pilote à bord. «Le temps moyen d'un vol entre Tokyo et Moscou est de 10h 45. Aeroflot écrit dans ses horaires 10h 20», explique-t-il. «En ajoutant la préparation avant le vol et la demi-heure d'activités après le vol, le temps de travail total est de 11h 50», précise-t-il. Mais si l'on prend en compte la durée réelle du vol, le temps de travail total est de 12h 15, observe le pilote. Or, les pilotes peuvent travailler jusqu'à 12 heures sans renfort. «La compagnie économise des dizaines de millions de roubles par an sur un vol quotidien, au prix de menaces pour la sécurité des passagers et pour la santé des pilotes», dénonce le pilote, qui souligne les dangers de la fatigue accumulée par l'équipage.