Guettaa Ouarmi (déchire et jette), une pièce hilarante de Saïd Hilmi, critiquant essentiellement les lenteurs bureaucratiques en Algérie, a été présentée hier soir au Centre culturel algérien (CCA) à Paris. Avec son humour sarcastique, Saïd Hilmi a surtout voulu montrer dans son show l'image d'une Algérie qui n'abdique pas, en dépit des vicissitudes de la vie et de la cupidité d'un responsable inculte qui l'empêchait, des années durant, à réaliser son projet le plus cher : monter une pièce théâtrale. Mais en dépit de la maladie et des tumultes de la vie, l'artiste parvient à monter son projet, trouvant toujours son inspiration de sa mère patrie : l'Algérie, symbolisée par le haïk (voile), blanc immaculé. «Je voulais marquer, d'une façon très symbolique, l'union et la fraternité qui caractérisaient jadis les Algériens», a-t-il confié à l'APS, à l'issue du spectacle, affirmant être un «antirégionaliste». Le comédien a dit souhaiter que le haïk, qui incarne la pureté et le drapeau algérien, qui occupaient la scène du spectacle, se «complètent mutuellement» pour que ce voile ne soit pas sali. Il en appelle, pour ce faire, à l'union de tous les enfants d'Algérie et à l'apport de ses immigrés pour que le pays «demeure debout». A cet effet, l'artiste évoquera, subsidiairement, les travers de la société, l'émigration et la mémoire collective, des thèmes abordés une heure durant, tantôt en arabe dialectal, tantôt en amazigh, tantôt en kabyle, avec les répliques merveilleusement données par les comédiens Yacine Zaïdi et Salima Labidi. Avant l'entame de la pièce, un hommage filmé à l'artiste (73 ans) a été projeté, retraçant son itinéraire, tant sur les planches qu'à la Télévision et à la Radio nationales. Cette marque de sympathie lui a été faite à l'occasion de la sortie, en 2011, de Plume en délire, une autobiographie dans laquelle Saïd relate une vie écrite avec amour et nostalgie.