Parcours - Ardent défenseur des causes justes, l'enfant de Biskra a pris part à la guerre d'Espagne. Se considérant comme Algérien à part entière, il n'hésite pas à participer à la Guerre de libération. Jean-Luc Einaudi dans son livre, Un Algérien, Maurice Laba, a illustré le parcours d'un «militant exceptionnel». L'auteur fait, dans cet essai sorti chez le Cherche Midi éditeur (à Paris), la lumière sur les combats ininterrompus d'un enfant de Biskra. «Des combats pour la justice et au bénéfice des opprimés». Né en 1914 à Biskra, dans le Sud algérien, Maurice Laban n'a jamais cessé d'apporter de l'aide à autrui jusqu'à cette date fatidique du 5 juin 1956 où il meurt au champ d'honneur dans les maquis de la région de Chlef. Son bac en poche, Maurice Laban s'inscrit à l'école d'ingénieurs de Marseille. Il montre des dispositions particulières pour les sciences mais, au bout de quatre mois passés au sud de la France, il revient en Algérie. « Les études n'étaient pas aussi sérieuses que je le voulais», confie-t-il. En 1936, Maurice Laban participe à la fondation du Parti communiste algérien et ne tarde pas à s'engager dans les Brigades internationales en Espagne. Durant cette guerre contre la dictature, il est, à deux reprises, gravement blessé au combat. A son retour en Algérie, il se joint à la lutte clandestine contre le régime de Vichy dès 1940. Il est alors condamné aux travaux forcés à perpétuité par la Section spéciale du tribunal militaire d'Alger. Lorsqu'il est conduit au commissariat avec Odette (qui deviendra par la suite sa femme), à la préfecture d'Alger, on lui demande sa nationalité, il répond spontanément : «algérienne». Maurice Laban ne se gêne pas pour affirmer la nécessité de l'indépendance de l'Algérie. Il est ensuite libéré le 15 mars 1943, quatre mois après le débarquement américain en Algérie. De retour à Biskra, il reprend son projet d'exploitation du chott Merouane et participe au renforcement de l'implantation du Parti communiste algérien dans l'est du pays. En août 1946, il y a un heureux événement pour le couple Maurice et Odette : un garçon naît. Lors de la session du Comité central du Parti communiste algérien (les 20 et 21 septembre 1947), Maurice Laban aborde le problème du blé et plaide pour que sa culture soit étendue. Il demande à ce que l'on aide les petites et moyennes propriétés. Aux élections municipales d'octobre 1947, à Biskra, il est réélu au Conseil municipal. En décembre 1952, Maurice Laban aide activement les planteurs de tabac de Oued Souf à se constituer en coopérative. Mais le 22 juillet 1953, il est sanctionné d'un blâme par la direction du P.C.A. Connaissant Mustapha Ben Boulaïd, Maurice Laban fabrique de la poudre pour les moudjahidine dès l'éclatement de la Guerre de libération. Au début de l'année 1955, le PCA confirme sa condamnation du mouvement insurrectionnel. Maurice Laban est déçu. Ce n'est que le 20 juin 1955 que le Comité central du PCA se réunit secrètement à Bab el-Oued et décide l'engagement des communistes dans la lutte armée. Maurice Laban ne tarde pas à monter au maquis. Le 6 juin 1956, L'Echo d'Alger titre : «L'aspirant félon Maillot et Laban sont abattus près d'Orléansville (actuellement Chlef). Les deux traîtres accompagnaient les assassins de quatre Français musulmans.» Aujourd'hui, peu d'Algériens connaissent ce grand homme qu'était Maurice Laban.