Pratiques - Exactions, comportements discriminatoires à leur égard, humiliations au quotidien, violations des droits et activités syndicales interdites par les autorités marocaines. Voilà de quoi est fait le quotidien des travailleurs sahraouis des territoires occupés du Sahara occidental. Rencontrés en marge des travaux du 7e congrès de l'Union générale des travailleurs sahraouis (Ugtsario), qui s'est tenu à Boujedour, dans les camps des réfugiés sahraouis de Tindouf, des travailleurs et activistes en provenance de l'autre côté du mur de la honte, en avaient gros sur le cœur. Dans des témoignages à Info Soir, ils ont d'emblée affirmé que les autorités marocaines perçoivent dans chaque activité sociale ou syndicale une action politique en faveur de la question sahraouie. «Donc l'action syndicale et associative dans les territoires occupés est impossible», a affirmé dans ce sens l'un d'entre eux qui a préféré garder l'anonymat. «Les autorités marocaines perçoivent dans toute activité une portée politique dans le sens de la revendication séparatiste et indépendantiste», a confié ce jeune qui exerce à El Ayoun occupée comme informaticien, ajoutant que «les autorités marocaines pratiquent l'exil forcé du Sahara occidental pour vider le pays de ses potentialités nationales qu'elles remplacent par des travailleurs marocains qui se voient attribuer des encouragements matériels en contrepartie». Il a en outre révélé que «souvent les travailleurs sahraouis exercent sous les ordres d'un responsable marocain chargé de dresser des rapports sur leurs mouvements dans le lieu de travail». Et ce n'est pas tout. Selon lui, travailler dans les secteurs jugés sensibles est quasiment interdit aux travailleurs sahraouis qui sont orientés d'office vers des postes reposant sur l'effort physique, même s'ils ne correspondent pas à leur qualification. Un autre activiste syndicaliste sahraoui a affirmé que «la barbarie marocaine» dépasse, dans la plupart des cas, le seuil de l'imaginable. Il a, dans ce sillage, fait part du harcèlement dont sont victimes les femmes sahraouies travailleuses. «Que voulez-vous que je vous dise. Dans les territoires occupés, la vie est semblable à un enfer, à un calvaire. Si pour nous, les travailleurs hommes, les dépassements sont synonymes de défis à relever, pour nos concitoyennes, l'histoire est toute autre. Elles sont soumises à toutes sortes d'intimidations et autres humiliations, parfois au vu de tout le monde». Mais, a-t-il assuré, «il n'est pas question de baisser les bras jusqu'à ce que justice soit rendue». Par ailleurs, le syndicaliste, Nafi Dya, de la Confédération syndicale des travailleurs sahraouis dans les territoires sahraouis occupés, a indiqué à l'agence Sahara presse service (SPS) que le Sahara occidental vit sous un siège «sécuritaire, économique et militaire du fait du Maroc». Les principaux secteurs dans cette région sont ceux du phosphate et de la pêche, a-t-il ajouté, soulignant que ce dernier est «totalement interdit» aux Sahraouis. C'est dire que les travailleurs sahraouis sont sujets au quotidien à moult pressions et mesures arbitraires les ciblant exclusivement, comme le licenciement abusif pour leurs convictions politiques et leur attachement au droit de leur peuple à l'autodétermination.