«Si j'avais à choisir entre la justice et ma mère je choisirais ma mère !», avait rédigé dans l'un de ses écrits restés gravés dans l'histoire, l'écrivain journaliste bônois de naissance Albert Camus. Cette phrase n'a pas manqué de soulever un grand débat et a valu beaucoup d'animosité à son auteur, notamment dans les milieux nationalistes algériens. Ecrite en 1956, cette phrase d'Albert Camus résume à elle seule son alignement et son ralliement aux côtés des militants et des sympathisants et adeptes de l'Algérie française. Albert Camus signifiait par le mot mère qu'il avait écrit dans sa célèbre phrase, la mère-patrie, c'est-à-dire son pays la France. Toutefois, même si cette phrase implique ouvertement une prise de position claire et nette de cet auteur, cela n'empêche pas de rendre hommage à cet écrivain qui a beaucoup donné pour la culture mondiale et aussi après, loin de toute démagogie et du fameux politiquement correct, l'auteur de L'Etranger avait tout simplement et honnêtement exprimé une idée aux dimensions non seulement politiques mais surtout philosophiques. En faisant abstraction de toute la polémique qu'avaient suscitée ces quelques phrases dites par un mastodonte de la culture mondiale, il y a lieu de montrer du doigt la grande valeur de cette citation. En effet, celle-ci incarne à elle seule le conflit émotionnel qui prend comme arène l'esprit de toute personne lorsqu'elle est confrontée à ces situations si particulières où l'on est obligé de choisir entre la justice et le bon sens ou entre la justice et un membre de sa famille. C'est bien d'être juste, d'être noble et loyal mais la question, toute la question, est là. Est-ce que le fait d'être juste mène au bonheur ? Ce que bon nombre de moralisateurs ou tout simplement d'amateurs du politiquement correct tenteront d'occulter est qu'en réalité la justice n'est pas le paradis. Bien plus que cela, le contraire est dans bon nombre de cas vraisemblables et plausibles. Combien de personnes ont vécu un réel enfer parce que tout simplement elles ont choisi d'être justes ? Combien de personnes ont livré des membres de leur famille, voire leur propre progéniture à la justice aux dépens de leur quiétude morale. Albert Camus, lui, avait osé défier l'opinion publique, il avait osé dire ce qu'il pensait réellement et il avait eu la hardiesse de reconnaître au moins sa faiblesse et son ralliement à cette pulsion si forte et si subjective de l'appartenance familiale et communautaire. Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.