Obstacles n Les mauvaises conditions dans les maternités, le manque d'information, les messages contradictoires du personnel soignant mal formé, sont autant de problèmes qui freinent l'allaitement maternel. C'est pourquoi le Pr Djamil Lebane, pédiatre et chef de service au CHU Mustapha Pacha, a préconisé de mettre en place un plan national sur les naissances. Il préconise également la tenue d'assises nationales des naissances pour la promotion de l'allaitement maternel en Algérie. Ces assises feront l'objet d'une rencontre lors de laquelle les spécialistes de la santé pourront débattre de la question. Il faut tout d'abord songer à améliorer la politique nationale de la santé. Il est question d'améliorer également les conditions d'accueil à travers la révision du système de gestion des maternités en faveur de la mère et de l'enfant, a-t-il plaidé en marge de la conférence débat organisée à l'occasion de la célébration de la semaine de l'allaitement maternel à l'INSP. Ces assises nationales permettent également de cerner les questions fondamentales liées aux engagements du ministère de tutelle, depuis quelques années, quant à la concrétisation de l'initiative «Hôpital ami des bébés ( HAB)», une stratégie internationale initiée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Unicef. «Tant qu'il n' y aura pas d'hôpital labellisé, il y aura toujours échec de la maternité», a t-il tranché. «Aujourd'hui, 90 % des mères accouchent dans des lieux assistés, mais rien ne se fait pour encourager ces femmes à allaiter leurs bébés». Très souvent, les messages véhiculés par le personnel de la santé se contredisent. D'où ces femmes sont de moins en moins convaincues quant à cette pratique, ceci, outre le manque d'informations. Ce spécialiste a affirmé en outre que la première tétée est un antistress majeur pour le nourrisson, du moment que le lait contient du sucre pouvant aider le bébé à dormir pendant des heures. Le premier lait que produit la maman est par ailleurs «un vaccin naturel pour le nourrisson et est riche en anticorps naturels qui protègent l'enfant». Plus loin, il affirmera également que «l'allaitement est une forme de médecine préventive, peu coûteuse pour l'instant, mais très efficace». La situation par rapport à l'allaitement maternel n'est pas très réjouissante en Algérie, selon ,le Dr Lilia Oubraham, spécialiste en santé nutrition à l'Unicef. Durant les années 60 et 70 les femmes allaitaient plus. 80 % des enfants étaient alors allaités au sein à l'aube de l'indépendance. Plusieurs décennies passées, c'et à dire en 2006, l'Unicef a appuyé le ministère de la Santé qui a diligenté une enquête nationale mixte. Cette enquête a montré que 30 % des femmes allaitaient au sein jusqu'à l'âge de 18 mois. Mais ce qui est dramatique, c'est que 7 % seulement des nourrissons âgés de 7 mois sont nourris de façon exclusive au sein. «C'est immoral et antireligieux de priver son enfant du lait,mais selon les fondamentaux de la religion, en aucun cas on ne peut obliger la mère à l'allaitement. Au cas où elle refuse d'allaiter pour des raisons de santé ou autres, le père est responsable de la nourriture de son enfant», a expliqué l'imam, Dr Benradouane.