Le professeur Djamil Lebane, chef de service de néonatalogie au CHU Mustapha-Pacha, a indiqué, hier à Alger, que la mortalité infantile en Algérie représente, par an, 25,5 pour mille naissances vivantes. «25,5 enfants pour mille meurent de différentes pathologies chaque année en Algérie», a précisé le professeur Lebane qui était l'invité du forum El Moudjahid, consacré au thème de la «femme et l'enfant», ajoutant que selon les prévisions de l'Institut national de la santé publique (INSP), il est attendu que cette mortalité atteindra, cette année, «un taux de 21,28 pour mille». Tout en déplorant l'absence de statistiques officielles, il a souligné, par ailleurs, que 700 mères pour 100 mille naissances décèdent chaque année, alors que 10% des bébés prématurés parmi 80 mille naissances enregistrées meurent chaque année. Les morts nés représentent, quant à eux, 35,92% des décès dus essentiellement, selon le professeur Lebane, à la «qualité des soins fournis». Il a fait savoir, en outre, que la mortalité néonatale représente 80 % de la mortalité infantile, dont 50% des bébés meurent après 24 heures. Selon le professeur, les différents programmes et actions mis en place par le ministère de la Santé, en matière de soins de périnatalité, visent à réduire, d'ici à 2015, le taux de mortalité infantile des deux tiers pour le ramener à 13,6 pour mille. Soulignant que la moitié des décès surviennent dans les 24 heures suivant la naissance et 80% dans la première semaine, il a préconisé, entre autres, une stratégie basée sur le «continuum des soins postnatal» ou la prise en charge du nouveau-né à proximité de la salle de naissance afin «d'éviter le périlleux transfert et le besoin des soins intensifs». Il a insisté, dans ce cadre, sur la nécessité de promouvoir les hôpitaux «Amis des bébés» en Algérie en vue d'encourager l'allaitement maternel et, par conséquent, les conditions de santé optimales, tant psychiques que corporelles, pour les mères et leurs bébés lors de la naissance et du séjour à la maternité. Pour le Pr. Lebane, qui est également le coordonnateur du programme national de périnatalité, cette pratique assure à chaque enfant et à sa mère, le meilleur «capital santé» et le meilleur attachement possible. Il s'agit, a-t-il dit, d'une démarche de qualité qui passe par l'attribution du label «Hôpital Ami des bébés». Il est établi que la mise au sein 30mn après l'accouchement permet une «réduction notable» du risque hémorragique lors de la délivrance, a-t-il estimé. L'allaitement naturel, a poursuivi le spécialiste, est une forme de médecine préventive «peu coûteuse» pour la société, mais «très efficace». Le concept «Hôpital ami des bébés» Le concept «Hôpital ami des bébés», est-il rappelé, fut lancé en 1991, à Ankara (Turquie), par l'OMS, l'Unicef et l'Association internationale de pédiatrie. Pour assurer les prestations de maternité et les soins aux nouveau-nés, le coordonnateur du programme national de périnatalité a souligné, à l'occasion de cette conférence, que malgré les efforts fournis par l'Etat pour la protection de la santé de la mère et de l'enfant, aucun établissement n'a été labellisé dans le cadre de l'initiative «Hôpital ami des bébés». Le ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière a soutenu l'initiative «Hôpital ami des bébés» en recommandant les soins par la méthode Kangourou dans le cadre du programme national de périnatalité 2006-2009, a-t-il fait rappeler. Un décret exécutif portant organisation de la périnatalité et la normalisation de la néonatalogie prévoit, entre autres, de placer toutes les structures de néonatalogie à proximité de la salle de naissance favorisant et renforçant ainsi le lien mère-enfant. Le Pr. Lebane a cité, dans ce contexte, les réalisations de l'Algérie en matière de protection de la santé maternelle et infantile, citant en premier lieu le décret exécutif, ainsi que les programmes préventifs de vaccination, assurés à l'enfant, depuis la naissance jusqu'à l'âge de 20 ans. Il a appelé également à la nécessité de réviser la loi sur la déclaration des naissances, afin de recenser les mort-nés, en insistant sur le fait d'instituer un certificat de décès périnatal et néonatal tardif, expliquant que ce certificat concerne les «décès anténataux survenant à partir de la 22è semaine d'aménorrhée et les décès néonataux jusqu'à 27 jours de vie révolue». Il a estimé que ce changement législatif permettrait de placer «plus haut la barre» des objectifs à atteindre et «d'inscrire résolument notre politique en la matière dans la logique des standards en vigueur dans les pays les plus développés». La conférence a été, par ailleurs, une occasion pour appeler à la tenue «des assises nationales de la naissance» qui pourront, selon le Pr. Lebane, «soutenir» le programme national de périnatalité et «améliorer la qualité de la formation de la prise en charge de la santé maternelle et infantile».