Résumé de la 111e partie n Sophia téléphone à Charles pour l'informer qu'il s'est passé quelque chose. Pour elle, l'assassin est toujours là... Ce n'est pas Joséphine. C'est Nannie ! — Nannie ? — Oui. Il y avait du chocolat... Le chocolat de Joséphine... Elle ne l'avait pas bu et il était resté sur la table. Nannie n'a pas voulu le laisser perdre. Elle l'a bu... — Pauvre Nannie ! Elle est très mal ? La voix de Sophia se brisa. — Oh ! Charles... Elle est morte. Nous nous retrouvions en plein cauchemar. La voiture nous emportait, Taverner et moi, vers «Three Gables» et j'avais l'impression de revivre des minutes que j'avais déjà vécues aux côtés de l'inspecteur. Cette randonnée ressemblait tellement à une autre que nous avions faite ensemble peu auparavant ! De temps à autre, il jurait. Pour moi, à intervalles presque réguliers, je répétais stupidement une même phrase : «Ainsi, ce n'était pas Laurence et Brenda !» À dire vrai, avais-je jamais cru à leur culpabilité ? J'avais été heureux de faire semblant d'y croire. Parce que ça m'arrangeait, parce que cela m'épargnait d'envisager d'autres hypothèses auxquelles je ne voulais même pas songer. Ils s'aimaient. Romanesques, ils s'étaient écrit des lettres débordant de sentimentalité et passablement ridicules. Ils s'étaient laissé aller à espérer que le vieil époux de Brenda ne tarderait pas à s'éteindre en paix, mais on pouvait se demander s'ils avaient vraiment souhaité sa mort. J'avais comme une vague idée, que l'un comme l'autre, ils devaient, au fond d'eux-mêmes, préférer les traverses et les désespoirs d'un amour contrarié aux certitudes banales de la vie conjugale. Brenda n'était pas une créature dévorée de passion. Indolente, manquant d'énergie, ce qu'elle désirait, c'était seulement un peu de roman. Quant à Laurence, il était, lui aussi, de ces êtres plus épris de rêves qu'ils ordonnent à leur gré que de satisfactions immédiates et concrètes. Ils avaient été pris dans un piège et, fous de terreur, incapables d'en sortir. Brenda détruisit vraisemblablement les lettres de Laurence, puisqu'on ne les avait pas découvertes mais Laurence, lui, poussant à l'extrême la stupidité, garda celles qu'il avait reçues de Brenda. Il n'était pas possible qu'il eût machiné l'attentat de la buanderie. Le coupable se cachait encore derrière un masque. Un policeman, que je ne connaissais pas, nous accueillit dans le hall. Il salua Taverner, qui l'entraîna dans un coin. Mon attention fut attirée par des bagages, signe évident d'un départ imminent. J'étais en train de les examiner quand Clemency parut. Elle portait sa robe rouge avec une veste de tweed et un chapeau de feutre. — Vous arrivez juste à temps pour nous dire au revoir ! me dit-elle. — Vous partez ? — Nous couchons à Londres ce soir. Notre avion prend l'air demain matin, à la première heure. Elle souriait. Ses yeux, pourtant, semblaient refléter une certaine inquiétude. A suivre Agatha Christie