Résumé de la 58e partie - Pour le père de Charles, les assassins ont un «dénominateur commun», la vanité... Je n'eus pas le temps de répondre. Il poursuivait : — Au surplus, je ne te conseille pas de te casser la tête avec ces histoires d'hérédité, qui sont d'une complexité décourageante. Le mieux que tu puisses faire, mon garçon, c'est de provoquer les confidences de ces gens-là. Sophia avait parfaitement raison de te dire que vous ne pouvez, elle et toi, que gagner à ce que la vérité soit connue. Comme je me levais pour sortir, il ajouta : — Autre chose ! Fais attention à la petite ! — A Joséphine ? Tu crois qu'elle pourrait me deviner ? — Tu ne m'as pas compris. Je veux dire : «Veille à ce qu'il ne lui arrive rien !» Je regardai mon père avec stupeur. Il reprit : — Réfléchis, Charles ! Il y a dans cette maison un assassin, à lui la résolution ne manque pas. La jeune Joséphine a l'air d'être au courant de pas mal de choses. Conclus ! — Il est certain, dis-je, qu'elle savait tout des intentions de Roger. Elle se trompait sur un point : Roger n'est pas un escroc, mais, pour le reste, elle avait bien entendu. — Aucun doute là-dessus. Le témoignage d'un enfant est toujours excellent et, pour moi, je ne le néglige jamais. On ne peut pas compter sur eux devant le tribunal, bien sûr, les gosses devenant idiots quand on les interroge directement, mais lorsqu'ils parlent sans qu'on leur demande rien, lorsqu'ils essaient de se faire valoir, ils sont extrêmement utiles. Joséphine a voulu t'en mettre plein la vue. Il dépend de toi qu'elle continue. Ne lui pose pas de questions, dis-lui qu'elle ne sait rien, je suis convaincu qu'elle fera de son mieux pour te prouver le contraire. Seulement, veille sur elle ! Il y a vraisemblablement quelqu'un qui pourrait juger qu'elle en sait un peu trop ! Je quittai mon père assez mal à l'aise : je me sentais coupable. Sans doute, j'avais rapporté à Taverner tout ce que Joséphine m'avait dit sur Roger, mais je ne lui avais pas parlé de ces lettres d'amour que, d'après la petite, Brenda et Laurence Brown s'écrivaient. J'essayais de me trouver des excuses : la chose n'était peut-être pas vraie, et en admettant qu'elle le fût, elle était sans importance. La vérité, je la voyais bien, c'était qu'il me répugnait de charger Brenda. Elle m'inspirait de la sympathie, du fait même qu'elle se trouvait solitaire dans cette maison où tout le monde lui était hostile. Si les lettres existaient, Taverner et ses sbires finiraient bien par mettre la main dessus. Je n'avais pas à les alerter. Brenda, d'ailleurs, m'avait assuré qu'il n'y avait rien entre Laurence Brown et elle, et j'étais plus porté à la croire qu'à faire confiance à ce petit démon de Joséphine. Brenda elle-même ne m'avait-elle pas dit que l'enfant n'avait pas «toute sa tête» ? (A suivre...)