Résumé de la 93e partie - Pour l'inspecteur, Laurence Brown aurait agi seul. Sans la complicité de Brenda... Il est très possible qu'ils aient mis tout ça au point ensemble, très possible aussi que ce soit elle, toute seule, qui se soit chargée d'expédier son mari ad patres par le poison, élégant moyen d'en finir avec un vieil époux qui avait assez vécu pour aller rejoindre ses ancêtres. Mais je parierais que ce n'est pas elle qui a manigancé le piège de la buanderie. Les femmes ne se fient pas à des mécaniques de ce genre-là... et elles n'ont pas tort. En revanche, je suis convaincu que c'est elle qui a songé à l'ésérine et que c'est son amoureux qui, suivant ses instructions, a procédé à la substitution. Elle est de ces gens qui s'arrangent pour ne rien exécuter effectivement dont on puisse par la suite leur faire grief. Ça permet de ne pas avoir de remords. Taverner reprit, après un instant de silence : — Avec des lettres, l'accusation tiendra debout ! Que la petite se rétablisse et tout sera pour le mieux dans le meilleur des mondes ! Me guettant du coin de l'œil, il ajouta : — Au fait, ça ne doit pas être trop désagréable d'être fiancé à quelque chose comme un million de livres sterling, hein ? J'avais eu, en ces dernières heures, tellement à faire que je n'avais pas pensé à ça une seconde. — Sophia n'est pas encore avertie, répondis-je. Voulez-vous que je la mette au courant ? — Je crois, dit Taverner, que Gaitskill se propose de faire officiellement connaître l'heureuse – ou fâcheuse – nouvelle demain, après l'enquête. Pensif, il ajouta, les yeux fixés sur moi : — J'ai idée que les réactions des uns et des autres seront intéressantes à observer. Il en alla de l'enquête à peu près comme je l'avais prévu. Elle fut finalement renvoyée, à la demande des autorités policières. La veille au soir, d'excellentes nouvelles nous étaient parvenues de l'hôpital : les blessures de Joséphine étaient moins graves qu'on ne l'avait craint et son rétablissement serait rapide. Pour le moment pourtant, les visites demeuraient interdites. À tous, et même à sa mère. — Surtout à sa mère, m'avait dit Sophia. C'est un point sur lequel j'ai beaucoup insisté auprès du docteur Gray. D'ailleurs, il connaît maman ! Ma physionomie avait dû me trahir, car Sophia avait ajouté : — Pourquoi ce regard désapprobateur ? — Mon Dieu !... Parce qu'une mère... Sophia ne m'avait pas laissé poursuivre. — Je suis ravie, Charles, que vous ayez sur les mamans les idées d'autrefois, mais ce dont la mienne est capable, vous ne le savez pas encore ! Elle est très gentille, mais, telle que je la connais, elle n'aurait rien de plus pressé que d'aller jouer au chevet de Joséphine une grande scène dramatique. Pour guérir les blessures de la tête, on peut trouver mieux. — Vous pensez à tout, chérie ! — Que voulez-vous ? Il faut bien que quelqu'un réfléchisse dans cette maison, maintenant que grand-père est parti ! (A suivre...)