Société Avec la prolifération de graffitis et autres inscriptions murales, cette forme d'expression «underground» est en passe de devenir un véritable moyen d?expression. Pas un mur n'échappe à ce phénomène. Que ce soit au niveau des cités d'habitation, aux abords des établissements scolaires, dans les cages d'escaliers ou encore dans les lieux publics, le moindre espace mural vierge est rapidement «investi» pour servir de support à toutes sortes de messages. Chaque jour apporte son lot de graffitis, mais les périodes les plus prolifiques restent celles des campagnes électorales au cours desquelles les participants de chaque formation politique et chaque candidat en lice redoublent d'efforts pour occuper le maximum d'espace possible et imposer, partout, leurs messages et leurs sigles. Une virée à travers les quartiers d'Oran donnera, sans aucun doute, un aperçu sur l'ampleur du phénomène. Le grand mur d'enceinte du lycée Mustapha-Haddam du quartier les Castors en est un exemple significatif. Les lycéens semblent éprouver un malin plaisir à «gribouiller» leurs murs. On y trouve toutes sortes d'inscriptions : cela va des noms des grandes vedettes de la musique occidentale, du raï, du football, jusqu'aux messages «perso» dans lesquels on déclare sa flamme à sa dulcinée, en passant inévitablement par des inscriptions plus politiques et parfois osées qui reflètent les frustrations et les fantasmes d'une catégorie de personnes. Récemment, un groupe oranais de musique rap a apposé, un peu partout à travers la cité, son logo avec le titre de son nouvel album, H. R. G., dont les initiés et les jeunes branchés ont décodé et saisi le sens, à savoir «harrague» (passager clandestin). Cette même formation s'est pratiquement lancée dans la publicité murale et gratuite pour annoncer «la prochaine sortie de cet album». Le message est visible partout à travers la ville, comme pour mieux «matraquer» le passant. Cette forme de publicité sauvage est également utilisée dans d'autres créneaux pour annoncer l'ouverture d'une nouvelle pizzeria, «Boumba» selon le message mural, au quartier El-Maqqari (ex-Saint-Eugène). Des inscriptions murales proposant à la vente des logements ou des fonds de commerce avec un numéro de téléphone pour le contact deviennent de plus en plus fréquents.