Résumé de la 1re partie - Si Patricia attend bien un enfant, sa jumelle, Alexandra, va simuler une grossesse en glissant du linge sous ses vêtements... Patricia est un peu désemparée. Alex, il faut que je vienne te voir. — Oh non, pas encore. Je sors de l'hôpital après-demain, et d'ici là, j'aimerais mieux être seule. — Comme tu voudras... Alexandra sait qu'elle peut tabler autant sur la fidélité de sa sœur que sur la faiblesse de caractère d'Antoine. Elle passe donc une nuit tranquille. Il lui reste une journée pleine pour s'imprégner des gestes qui vont la rendre enfin maman elle répète chaque étape dans sa tête, un peu comme un sportif qui visionnerait mentalement les différentes phases d'un mouvement avant de l'exécuter. Et le 28 juin 1993 à 9 heures du matin, Alexandra s'introduit dans la maternité où sa sœur avait accouché quelques semaines plus tôt. Munie d'un grand sac de sport, elle prend l'ascenseur jusqu'à l'étage des chambres individuelles. Puis elle gagne les toilettes et s'y enferme, le temps de revêtir sa blouse d'infirmière volée. Après avoir rapidement tiré sa coiffure en arrière sous un bandeau, elle ressort, dissimule le grand sac de son mieux et se dirige vers la porte coupe-feu. Sur l'un des deux battants est affichée la liste des enfants nouveau-nés, avec leurs nom, prénom, date de naissance et numéro de chambre ; elle sélectionne les garçons nés depuis plusieurs jours et repère deux chambres contiguës, la 321 et la 323. Puis elle franchit la lourde porte et vient se cacher dans un renfoncement d'où elle peut surveiller les allées et venues. La chance lui sourit. Au bout de deux ou trois minutes, une femme, visiblement une jeune maman, sort de la chambre 321 ; elle doit avoir besoin de prendre un peu l'air. C'est le moment d'agir. D'un pas décidé, Alexandra se faufile dans la chambre. Mais là, surprise : elle tombe sur un jeune homme, sans doute le père du petit, qui tient le nourrisson dans ses bras. La fausse infirmière ne perd pas son sang-froid : — Bonjour, monsieur. Alors, c'est vous, le papa d'Arnaud ? L'homme sourit, et l'on peut lire de la fierté dans son regard. — Je vous l'emprunte pour un petit examen auditif. Juste un quart d'heure... Alexandra a dit cela avec un tel naturel que le jeune papa lui tend le poupon sans broncher, après l'avoir embrassé une dernière fois. Maintenant il faut faire vite. Alexandra s'emploie à rassurer complètement l'enfant ; elle murmure : «Mon bébé, mon Julien» à l'oreille du nourrisson, et le presse contre son sein. Elle revient dans les toilettes, récupère le grand sac aménagé comme un couffin, et d'une main un peu fébrile, y dépose l'enfant. Puis elle libère ses cheveux, enlève sa blouse d'infirmière, la roule en boule et la dispose dans le bout du sac. Elle s'apprête à refermer la glissière, lorsque l'enfant se met à gémir doucement. Prise de sueurs froides, Alexandra le berce patiemment jusqu'à ce qu'il se rendorme. Elle le redépose ensuite délicatement dans le sac de sport, puis tire la glissière presque entièrement. D'un pas rapide, la ravisseuse se dirige à présent vers l'ascenseur. Elle croise en chemin une infirmière qui lui sourit. Elle presse déjà le pas quand, juste avant d'atteindre le perron, elle croise avec stupeur la femme dont elle est en train d'enlever le bébé ! «Bonjour», lui lance t-elle aimable ; la jeune maman répond d'un signe de la main. Alexandra s'empresse alors de franchir la porte de sortie et dévale les marches en soufflant. La ravisseuse a tout prévu depuis des semaines, allant jusqu'à vérifier l'horaire de passage des bus, au bout de l'allée de la clinique. Elle en attrape un de justesse, mais à peine le bus a-t-il démarré qu'elle sent le bébé bouger dans le sac. Craignant qu'il ne se mette à pleurer, elle descend à l'arrêt suivant et ouvre la glissière quelques instants. (A suivre...)