Analyse Les masses rurales ont préféré le parti du Congrès et le mythe de la dynastie Gandhi. Un séisme politique que ni les analystes, ni les sondages, ni même les intéressés n'avaient prévu. L'Alliance démocratique nationale (NDA) conduite par les nationalistes hindous du Parti du peuple indien (BJP), qui régnait sur le pays depuis 1998, a été sévèrement battue au profit de ses opposants : parti du Congrès et ses alliés, partis communistes et formations régionales. Les électeurs ont sanctionné une politique qui a privilégié les classes moyennes urbaines au détriment des masses rurales, qui constituent toujours la majorité du pays. Ce phénomène est illustré par la défaite aux élections locales des deux ministres en chef des Etats phares de l'informatique indienne, Chandrababu Naidu en Andhra-Pradesh et S. M. Krishna (Congrès) au Karnataka, dont la capitale Bangalore se veut la capitale de la Silicon Valley indienne. Pour avoir tenté de gommer les aspects les plus contestés de sa politique «hindouiste» militante, au cours de cette campagne électorale, le BJP s'est très sévèrement fait rappeler à l'ordre par les extrémistes hindous. Si l'organisation mère de cette famille politique, le RSS (Corps des volontaires nationaux), a expliqué la défaite par «l'absence d'idéologie dans la campagne», le VHP (Conseil mondial hindou) a accusé le BJP d'avoir «trahi les Hindous qui l'ont puni». La perte de plusieurs sièges dans l'Etat du Gujarat où de sanglantes émeutes antimusulmanes avaient eu lieu en 2002, comme la défaite à Allahabad (Uttar-Pradesh) d'un des idéologues du parti et ministre des Ressources humaines et du Développement, Murli Manohar Joshi, laissent plutôt à penser que les Indiens ne souhaitent pas une politique d'exclusion des minorités.