L'ouverture du secteur de l'audiovisuel algérien au privé est plus qu'un choix ou qu'une volonté politique. C'est une nécessité. Et cette nécessité s'impose par le contexte actuel, contexte marqué par la prolifération et la concurrence des chaînes satellitaires qui, elles, ont connu depuis plus d'une dizaine d'années un essor fulgurant, voire même inattendu et ce, grâce au développement extraordinaire du numérique. C'est pour cela que Hervé Bourges, membre de l'Observatoire de la diversité du Conseil supérieur de l'audiovisuel et président du Comité permanent de la diversité de France Télévisions, a déploré que le service (audiovisuel) public pâti de la concurrence privée. «On voit en ce moment même en France comme au Maghreb que des chaînes soutenues par des Etats étrangers peuvent tenter de conquérir une audience internationale, tout simplement en achetant sans compter les droits de diffusion des manifestations sportives les plus importantes. En Algérie, même l'acquisition de l'exclusivité des droits du football par un acteur étranger se traduit par une relative marginalisation des chaînes algériennes sur leur propre territoire», a-t-il constaté. De ce fait, il met en garde contre la dictature de l'argent. «La dictature de l'argent est autant à craindre que l'interventionnisme des politiques», a-t-il dit, et d'ajouter : «Elle peut avoir des effets brutaux sur les équilibres audiovisuels.» Hervé Bourges a, ensuite, indiqué que «l'un des enjeux du développement audiovisuel de l'Algérie sera donc le recul du piratage des efforts satellitaires». Et d'expliquer : «Il sera en effet de plus en plus nécessaire de démultiplier les sources de financement des médias audiovisuels, afin de favoriser l'éclosion d'œuvres et d'émissions proprement algériennes, porteuses de l'héritage culturel et des valeurs d'une Algérie plurielle. Ce sont ces œuvres qui demain pourront contribuer au rayonnement de l'Algérie dans le concert médiatique international.» C'est ainsi qu'il a appelé à «libérer les initiatives, à ouvrir la voie à des activités nouvelles créatrices de richesses et d'emplois, et à insuffler plus de dynamisme dans les secteurs les plus innovants».