Attrait - Le derby algérois comptant pour la 13e journée du championnat professionnel de Ligue 1, ayant opposé le CRB à l'USMH n'est pas passé inaperçu. On retiendra certainement la belle prestation de l'équipe harrachie. Tous ceux qui ont suivi avec attention le derby algérois disputé samedi au stade du 20-Août-1955 sont unanimes à dire que l'USM El-Harrach est l'équipe qui produit le plus beau jeu du championnat. Simple, fluide, basé sur un collectif bien huilé, exécuté par des joueurs pétris de qualités que nous fait découvrir le club banlieusard chaque saison, le jeu de l'USMH séduit et impose le respect. Les supporters du CRB n'avaient d'ailleurs aucune autre attitude que de capituler devant plus fort en quittant les travées du stade, alors qu'une frange a tenu à arroser les dirigeants, et à leur tête le président Gana, d'insultes, exigeant son départ du club. Leurs homologues d'El-Harrach pouvaient, eux, exulter et rendre hommage à leurs joueurs qui leur procurent du bonheur et les réconcilient avec le beau football à chacune de leurs sorties. D'ailleurs, même les observateurs ont remarqué que le public harrachi a bien changé, lui qui reste parmi les plus chauds et les plus passionnés du pays. Après treize journées, l'USMH prouve une fois encore le bien-fondé de sa politique, celle de deux hommes en particulier, et derrière eux d'autres hommes de l'ombre qui récoltent aujourd'hui les fruits de leur stratégie avec comme première base : la stabilité. Aujourd'hui, Mohamed Laïb, le président, et Boualem Charef, l'entraîneur en chef, peuvent être fiers de leur entreprise, là où d'autres ont échoué à coups de milliards et de bricolage. La deuxième base : c'est encore la stabilité dans la stratégie et la vision. La philosophie, oserons-nous dire, car Charef, conforté par son président, a su mettre en place un système de jeu qui se régénère et survit au départ des joueurs, y compris les meilleurs. Sachant que le club banlieusard n'est pas fortuné, ce dernier ne peut retenir des éléments convoités ailleurs et c'est grâce à la vente de ces joueurs qu'il arrive à renflouer quelque peu ses caisses. En parallèle, Charef et son réseau de suivi-prospection font le reste en ramenant de jeunes joueurs, anonymes pour la plupart, mais souvent pétris de qualités qui répondent à des critères bien définis et qui s'intègrent rapidement dans l'effectif et surtout dans l'échiquier mis en place par le coach. Les Djabou, Boumechra, Boualem, Lagraâ, Djeghbala, Griche, Yachir, et autre Benabderahmane ont beau avoir quitté le navire harrachi, ce dernier n'a, à aucun moment, tangué et encore moins coulé. Bien au contraire, cette force de régénération tire sa source dans le travail de fond que mène Charef depuis cinq ans et qui, avec le soutien de son président et la carte blanche qu'il détient, a fini par imposer sa façon de travailler. Et comme il n'y a pas d'autres secrets de la réussite que ceux incarnés par le travail, Charef a son idée en allant même réaliser des économies pour son club, en témoigne cette fameuse phrase du coach : «Courir pour courir, autant courir chez soi gratuitement que de le faire chez les autres en devises !». Là également, et fait rare en Algérie, Charef s'érige en manager à l'anglaise en recrutant et en préparant son équipe en fonction des moyens mis à sa disposition par son club. L'acteur Charef, l'artisan de cette belle machine En matière de salaires, ce sont les mêmes principes qui sont reconduits à l'USMH : pas de folie, mais des niveaux décents en fonction du rendement de chacun. Autre facette, et néanmoins importante et peut-être cachée, de Charef c'est cette capacité qu'il a à faire front contre les mauvais jours : la protesta du vestiaire en cas de disette en matière d'argent, la grogne du public quand les résultats tardent à venir, les visées de certains proches du club ou meneurs du comité de supporters lorsqu'ils outrepassent leurs prérogatives. Résultat de toutes ses courses, une belle équipe harrachie qui force l'admiration et le respect là où elle passe, s'attirant même la reconnaissance de tous. Comme ce fut le cas samedi au 20-Août en voyant les Hendou, Yaya, El-Amali, Doukha, Bounedjah et bien d'autres exécuter l'une des plus belles partitions du championnat. Alors l'USMH championne d'Algérie ? Ce serait le plus beau cadeau pour réconcilier le football algérien avec le beau jeu et les grands principes qui ont fait sa force par le passé.