Frustration Vouloir visiter le pays des Pharaons ou fouler le sol de Tunis est une envie qui revient désormais cher. L?argent en est le seul remède. Chez le doyen des tours-opérateurs, le Touring Club d?Algérie, plusieurs destinations sont à l?affiche. Egypte, Syrie, Tunisie, Liban, Grèce, Jordanie, Maroc. Des séjours en demi-pension avec des excursions au menu. A l?intérieur, une opératrice est chargée de communiquer les moindres détails et renseignements. C?est ainsi que nous avons appris qu?un séjour d?une semaine au Caire en formule demi-pension, la seule d?ailleurs, revient par individu à 36 150 DA plus de 280 euros. La même destination pour une quinzaine de jours est de 36 150 DA et 510 euros. Si on s?amuse à faire la conversion en monnaie locale, deux semaines en terre des Pharaons s?élèvent à 90 000 DA par personne. 9 «patates» pour une durée de 15 jours. Sur les lieux, nous avons, par pur hasard, rencontré un couple avec enfant intéressés par cette formule et la destination. A l?écoute du chiffre avancé par l?opératrice, ils ont vite fait de prendre la poudre d?escampette non sans avoir esquissé un sourire en guise de remerciements. Rattrapée dans son élan, cette jeune famille nous fait part de son grand étonnement devant les tarifs pratiqués. «Pour pouvoir voyager avec ma petite famille, je dois disposer de pas moins de 200 000 DA pour des vacances organisées de 45 jours. C?est complètement aberrant. Même ici en Algérie passer des vacances relève de l?utopie», nous confie ce jeune papa. En effet, une chambre d?hôtel dans une station balnéaire revient à pas moins de 1 500 DA la nuit petit déjeuner compris. Rien n?est fait pour appâter les clients potentiels. Dans une autre agence privée, dénommée Ahlam El-Moulouk, les choses ne s?arrangent pas non plus pour les bourses moyennes. Cette fois-ci nous demandons les tarifs concernant Tunis, plus particulièrement Hammamet, la fameuse station balnéaire de Carthage. Ainsi, une semaine dans cet endroit féerique, logé dans un hôtel 3 étoiles avec demi-pension, est de l?ordre de 38 000 DA par personne. Au niveau de cette agence, le surplus en devises n?est pas réclamé. Si par rapport au TCA, le privé semble plus ou moins baisser les prix, il n?en demeure pas moins que ceux-ci restent bien au-dessus du revenu d?un cadre dit moyen. D?autres agences comme les Dunes ont essayé de jouer sur les prix pour drainer la clientèle. A cet effet, cette agence ainsi que d?autres ont pratiqué la formule libre. C?est-à-dire qu?elles ne vous imposent pas le lieu d?hébergement, mais se contentent de vous munir de toute une liste d?hôtels et autres lieux telles les pensions? et ce, dans le souci de vous laisser le choix en fonction de votre pécule en devises. Mais le risque de trouver les endroits d?hébergement dans un état de saturation n?est pas à exclure. Pour bon nombre de personnes rencontrées, il n?est désormais plus possible pour une famille moyenne de songer aux vacances. Ce qui était permis jadis ne l?est plus actuellement. Les tours-opérateurs imputent cette situation à la forte dévaluation du dinar face à la devise étrangère. La même cause est tirée en ce qui concerne le tourisme national. Pour un ancien professionnel du tourisme et loisirs : «Tous les hôtels au niveau par exemple du grand-sud ont aligné leurs tarifs en fonction de la clientèle étrangère oubliant par-là même le potentiel du tourisme national. Les chambres d?hôtel sont excessivement chères, l?absence d?infrastructures hôtelières moyenne gamme, les services proposés sont pratiquement calqués sur le modèle occidental ainsi que les prix». Dans ce cas, peut-on parler de tourisme national quand le citoyen moyen ne peut même pas se permettre une semaine de détente dans son pays ?