Photo : S. Zoheïr Par Fella Bouredji Entre Coupe du monde en juin et Ramadhan en plein mois d'août, la saison estivale de cette année s'annonce bien particulière. Et à quelques semaines de son lancement officiel, même le climat continue de faire des siennes sous le ciel algérois, comme pour accentuer la différence. D'averses déroutantes en chaleurs étouffantes, sans transition. Malgré cette fin de printemps qui prend des airs moroses et froids certains jours, l'été s'annonce, se rapproche et, avec lui, forcément, les programmes des vacances qu'il faut commencer à ficeler dès à présent. Certains s'organisent en direction de destinations de rêve, ils sont peu nombreux. Les autres commencent à faire le tour des agences, à la recherche de la proposition qui convient le mieux à leurs économies. D'autres encore savent qu'ils ne risquent pas de partir bien loin et donc ne préoccupent pas des vacances.«La saison estivale en Algérie, je crois que ce sera une catastrophe comme d'habitude avec des plages bondées et des émigrés qui débarquent. Les Algériens n'ont pas cette culture de vacances et ils ont un don particulier pour gâcher celle des autres, c'est pour cela qu'en été il faut prendre la route vers d'autres horizons. Cet été, je passe mes vacances en couple, nous avons longuement réfléchi pour enfin trancher pour la Tunisie. Pas très original, certes, mais dépaysant, j'espère. En fait, nous n'en attendons rien sauf du calme, du repos et de la détente. J'ai hâte d'y être», raconte Sihem, jeune cadre dans une entreprise privée. Souad, elle, n'y pense même pas. «Je n'ai jamais voyagé. En été, je rends visite à la famille en Kabylie. Je me repose, et c'est déjà ça.» Mohamed, père de famille, ne sait toujours pas ce qu'il fera cet été mais il sait ce qu'il ne fera pas : «Je ne peux pas m'offrir un voyage organisé, j'ai deux enfants, et même si ma femme travaille aussi, les prix dépassent de loin notre budget. Mais chaque année, on prévoit quelque chose, on essaye de louer un bungalow pour 10 à 15 jours dans une ville côtière avec mon frère et sa petite famille, ça nous revient moins cher.» Djamel, lui, signale : «J'ai fait le tour des agences mais elles n'ont pas encore bien ficelé leur programme pour cet été, ça m'avait l'air un peu flou.» Augmentation des tarifs annoncée dans plusieurs agences privées Il est peut-être encore un peu tôt pour être fixé sur les choix de la saison estivale à venir. Et le flou règne encore dans l'esprit de nos futurs estivants, mais pas seulement. Comme a pu le remarquer Djamel, les agences de voyages ne sont effectivement pas toutes prêtes à accueillir la saison estivale 2010. A l'agence DAM Tour, située en centre-ville, les programmes étaient il y a quelques jours en phase de finalisation, mais rien de bien définitif sur cette saison estivale rétrécie par l'avènement du mois de Ramadhan. En définitive, elle se résumera au mois de juillet. A cet effet, à Dam Tour, l'une des agences qui activent le plus, ces dernières années, on nous annoncera un programme et des destinations qui ne diffèrent des années précédentes que sur quelques points. Des séjours écourtés, des dates de départ limitées, l'Egypte rayée des propositions et d'éventuelles augmentations des tarifs. A la bonne saison, on propose également les destinations habituelles, et on parle d'une augmentation de près de 7% dans les prix des séjours, cette année. L'argument avancé pour justifier cette hausse : les tarifs de l'hôtellerie qui ont été revus pour rentabiliser au maximum le rétrécissement de la saison estivale. «Les hôtels qui risquent de ne pas avoir de rentrées en août rentabilisent en augmentant les prix du mois de juillet, parce qu'on considère que notre saison estivale s'arrête cette année le premier août», explique-t-on. Même argument dans plusieurs autres agences de la capitale. Mais c'est un argument qui peut laisser dubitatif étant donné qu'il ne peut concerner que les pays musulmans recevant que des touristes musulmans. En ce qui concerne les destinations, la Tunisie reste la première proposition dans le cadre du tourisme de masse, suivie de la Turquie qui attire d'année en année de plus en plus de touristes algériens. Des séjours à Istanbul, à Antalya et d'autres qui combinent les deux villes. Des voyages qui coûtent en moyenne 100 000 dinars. Pour la Tunisie, les formules sont plus variées. Départs en bus ou en avion, location d'appartement, pension complètes en hôtel, il y en a pour toutes les bourses, ce qui encourage les Algériens à opter très facilement pour la Tunisie comme première destination. En outre, les agences proposent des séjours au Maroc, au Sénégal, en Grèce, et dans plusieurs autres villes côtières européennes mais sous réserve d'avoir déjà un visa pour ces dernières. C'est donc des séjours à la carte. Toutes les destinations sont ouvertes quand on a le budget qu'il faut et le visa à disposition. Toutes, sauf l'Egypte, évidemment. Le T. C., premier opérateur de tourisme relevant de l'Etat, a, lui aussi rayé l'Egypte de sa carte. Pour des raisons commerciales et politiques évidentes. Les destinations habituelles sont, elles, toutes maintenues. Et pour ne pas faire original, la première proposition dans le programme d'été de 2010 est la Tunisie, suivie tout de suite après de la Turquie et du Maroc. Le Touring Club concentré sur les 1 700 inscrits pour la Coupe du monde «Une équipe du T. C. est justement allée en Turquie et en Tunisie récemment pour voir les installations et s'assurer de bonnes prestations de services pour nos clients. Aucune augmentation des tarifs n'est prévue pour cette saison estivale hormis les séjours omra et hadj, censés débuter dès la fin juillet, qui connaîtront cette année une hausse de 10 à 15%. Des augmentations dues à des séries de travaux enclenchés en Arabie saoudite pour l'amélioration des services. La baisse dans la capacité d'accueil a entraîné une hausse des prix de l'hôtellerie. Les tarifs des séjours sont à 130 000 dinars en ce moment et tourneront autours de 170 000 dinars durant le mois de Ramadhan. D'autres séjours sont prévus pour le mois sacré, notamment des séjours spéciaux en Tunisie. Au-delà de ces propositions habituelles qui, faut-il le souligner, sont en phase de finalisation et n'ont pas encore été rendues publiques, tous les efforts des équipes du Touring Club sont centrés sur la Coupe du monde. Seul opérateur avec l'ONAT à s'occuper des voyages organisés pour les grands moments de football qui auront lieu en Afrique du Sud en ce début d'été. Des séjours proposés à partir de 275 000 dinars et qui ont attiré 1 700 personnes, à présent inscrites. Il s'agit là, bien sûr, des plus chanceux. Les moins chanceux, eux, devront s'armer de patience pour supporter l'atmosphère suffocante de la capitale en plein été. Et au pire, ils devront se diriger vers l'une des 52 plages ouvertes à la baignade chaque année, ce qui n'est pas de tout repos, vu les contraintes de circulation routière, de propreté et de sécurité sur les plages. Ou alors, il faudra ou quitter la capitale pour des villes un peu plus agréables ou faire comme Ghalib, qui, lui, a réglé le problème de sa saison estivale avec deux achats stratégiques : un lecteur DVD et une climatisation… tout ça pour dire, qu'à ces contraintes et lacunes qui reviennent chaque année s'ajoutent la Coupe du monde et le Ramadhan en plein mois d'août, qui ne sont pas pour garantir un déroulement optimal de la saison estivale algérienne.