Retour En plein délire d?Ariel Sharon, les pacifistes israéliens réoccupent le devant de la scène et réclament la paix avec les Palestiniens. Cent cinquante mille Israéliens ont réclamé, hier soir à Tel-Aviv, un retrait de la bande de Gaza, lors de l'un des plus grands rassemblements de ces dernières années. Les manifestants rassemblés à Tel-Aviv entendaient faire contrepoids par leur grand nombre à la droite et à l'extrême droite, qui ont réussi ces dernières semaines à torpiller le plan de retrait de la bande de Gaza du Premier ministre israélien Ariel Sharon. Emmenés par le chef de l?opposition travailliste, Shimon Peres et rassemblés sous le slogan «La majorité a décidé ! On sort de Gaza - On commence à dialoguer !» avec les Palestiniens, la foule a rempli la place Yitzhak-Rabin face à la municipalité, débordant largement sur les rues avoisinantes. La manifestation a été organisée conjointement par le Parti travailliste (19 députés sur 120), le parti Yahad-Meretz (six députés), le parti Am Ehad (trois députés) et le mouvement La paix maintenant, opposé à la colonisation. Selon des sondages publiés avant-hier, plus de 70% des Israéliens sont favorables à un retrait de la bande de Gaza. Sur le terrain, l'armée israélienne a poursuivi, dans la nuit d?hier, ses raids d'hélicoptères et ses destructions de maisons palestiniennes, qui se sont intensifiés ces derniers jours faisant des dizaines de morts et de blessés. Selon l'Agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés palestiniens (Unrwa), ce sont plus de 1 000 Palestiniens qui se sont retrouvés à la rue à Rafah, après la démolition de leurs maisons par l'armée. L'armée aurait reçu le feu vert pour détruire ces maisons afin, soit-disant «d'élargir» le couloir dit de Philadelphie, qui sépare la bande de Gaza de l'Egypte, pour empêcher le creusement de tunnels de contrebande d'armes. Dans la même journée, des milliers de Palestiniens ont commémoré samedi la «Nakba», la catastrophe qu'a été pour eux la création de l'Etat d'Israël (proclamé le 14 mai 1948), suivie de l'exode de centaines de milliers de Palestiniens. Le président de l'Autorité palestinienne Yasser Arafat a imputé à cette occasion à Israël la responsabilité de la souffrance de son peuple et a appelé à la poursuite de la lutte. Dans la bande de Gaza, 10 000 personnes ont brandi de vieilles clés, symbole de leurs maisons restées en territoire israélien. «Nous retournerons sur notre terre», ont-ils scandé.