Colère - La Tunisie fête aujourd'hui le deuxième anniversaire du début de sa révolution. Misère, chômage, manque de visibilité en termes politique et économique restent au cœur des préoccupations de la société. Le président tunisien Moncef Marzouki a été chahuté ce matin par les habitants de Sidi Bouzid, berceau de la révolution, alors qu'il se recueillait sur la tombe de Mohamed Bouazizi, dont l'immolation il y a deux ans a donné le coup d'envoi au Printemps arabe. M. Marzouki a déposé dans la matinée une gerbe de fleurs sur la sépulture du vendeur ambulant, qui s'était immolé par le feu devant le siège du gouvernorat (préfecture) de cette région marginalisée du centre-ouest de la Tunisie pour dénoncer les brimades policières et la pauvreté. Le chef de l'Etat, un laïc allié aux islamistes d'Ennahda qui dirigent le gouvernement, a été pris à partie peu après par les habitants de la ville. «Vous êtes venu il y a un an et vous aviez promis que les choses allaient changer sous six mois, mais rien n'a changé!», a lancé un manifestant. «On ne veut pas de vous ici», s'est exclamé un autre. M. Marzouki a répliqué que le pouvoir tunisien «n'avait pas de baguette magique». Il devait ensuite prononcer un discours devant le siège du gouvernorat, là où Bouazizi s'était immolé. «La ville de Menzel Bouzaienne (au sud de Sidi Bouzid, ndlr) a tant donné pour la révolution mais elle n'a rien récolté du point de vue investissement et développement. La situation est devenue plus mauvaise, le chômage a augmenté», s'insurge Hamid Nasri, dont le frère Chawki a été tué pendant le soulèvement qui a contraint Ben Ali à la fuite le 14 janvier 2011. Le gouvernement dirigé par Ennahda est la première cible de ces critiques. Dix des organisateurs du festival Bouazizi, célébrant le début de la première révolution du Printemps arabe, ont démissionné la semaine dernière pour dénoncer la «mainmise» du parti islamiste sur l'organisation des évènements. En cette journée où la Tunisie fête le deuxième anniversaire du début de sa révolution, la misère et le chômage restent au cœur des préoccupations. Les journaux et les médias en ligne relevaient ainsi que la colère et l'amertume dominaient à Sidi Bouzid. «Sidi Bouzid, l'éternelle étincelle», titrait ainsi le quotidien francophone La Presse. «Seuil de pauvreté creusé, taux de chômage multiplié, infrastructures économiques et industrielles au point zéro, terres hypothéquées, agriculture déprimée», égrenait le journal.