Le président tunisien Moncef Marzouki a été chahuté lundi à Sidi Bouzid, où il était venu se recueillir pour le deuxième anniversaire de la révolution qui a donné le coup d'envoi au Printemps arabe, dans un contexte de fortes tensions en Tunisie. M. Marzouki a déposé dans la matinée une gerbe de fleurs sur la sépulture de Mohamed Bouazizi, vendeur ambulant qui s'était immolé par le feu le 17 décembre 2010 devant la préfecture de cette région marginalisée du centre-ouest du pays pour dénoncer les brimades policières et la pauvreté. Le chef de l'Etat, un laïc allié aux islamistes d'Ennahda qui dirigent le gouvernement, a été alors pris à parti par les habitants de cette ville, berceau de la révolte qui a poussé le président Zine El Abidine Ben Ali à la fuite le 14 janvier 2011. "Vous êtes venus il y a un an et vous aviez promis que les choses allaient changer sous six mois, mais rien n'a changé!", a lancé un manifestant. "On ne veut pas de vous ici", s'est exclamé un autre. M. Marzouki a répliqué que le pouvoir tunisien "n'avait pas de baguette magique". Le chef de l'Etat doit ensuite prononcer un discours devant la préfecture, là où Mohamed Bouazizi s'était immolé. Quelque deux à trois mille personnes étaient réunies sur cette place en milieu de matinée. Les revendications économiques et sociales étaient au coeur de la révolution tunisienne, mais le chômage et une croissance anémique continuent de miner le pays, si bien que les manifestations, émaillées de violences, se sont multipliées ces derniers mois. Fin novembre, 300 personnes ont ainsi été blessés au cours de cinq jours d'affrontements avec la police après qu'une grève a dégénéré en violences à Siliana, au sud-ouest de Tunis.