Inceste Ce n?est pas pour jouer les voyeurs qu?un chroniqueur couvre un procès où la malheureuse victime est le personnage principal. Le «Bad», lui, a vu la justice s?en occuper. Et très bien, même? Comment qualifier un père de famille qui s?est rendu coupable d?attouchements sexuels sur une fillette de? six ans ? Un être pervers ? Un sadique ? Un fou ? Un inconscient ? Pour la justice, c?est d?abord un inculpé d?attentat à la pudeur sur mineure de moins de seize ans. Au tribunal, cinq ans d?emprisonnement fermes furent infligés au coupable. Peine demandée d?ailleurs par le représentant du ministère public. Le condamné n?était pas du tout O.-K. avec la sentence, car se disant et criant : «Je suis innocent». C?est d?ailleurs ici le seul et unique moyen de critiquer un verdict. Face à Abiza, le prévenu recommencera le même scénario. L?audience se tenant à huis clos, par la seule autorité du président, la victime racontera des «choses» qu?une fillette de six années ne connaît en principe pas. La justice étant faite pour suivre les évènements, tous les évènements de l?affaire. Le magistrat et ses deux assesseurs n?ont aucun état d?âme. Le prévenu, condamné en première instance à cinq années d?emprisonnement fermes, joue son va-tout. Effarouché, il dit n?importe quoi. «Le juge ne m?a pas laissé me défendre», dira-t-il vainement. Le président sourcille et l?invite à se défendre : «Vous avez tout le reste de la journée pour le faire, calmement». Hélas pour lui, l?inculpé n?a pas d?arguments à faire valoir. Il n?ose même pas regarder la pauvre victime dont le père fait preuve d?une impatience à toute épreuve. Il bout, il bout. Il ne soufflera : «Vive la justice» qu?à l?issue du verdict prononcé solennellement par le président qui regarde, au passage, Yahia Zahi, le greffier, prendre acte de la sentence : confirmation du jugement prononcé en première instance. Le bonhomme baisse la tête. La fillette est prise par les épaules par le papa qui sort la tête haute car, depuis le début, il a renoncé à commettre l?irréparable. Il a tout misé sur la justice qui lui a finalement donné raison. Se faire justice est un acte barbare. Oui, mais dans ce cas, le prévenu est mal tombé. Ce lundi, la justice était, à l?image des magistrats, en grande forme. On l?adjure de le rester toute l?année judiciaire. Toute l?éternité, indépendante et grande.