Complot - Le 28 septembre 1994, l'«Estonia» disparaissait dans les eaux de la Baltique. C'est le naufrage le plus meurtrier qu'a connu l'Europe depuis celui du «Titanic». Dans la nuit du 27 au 28 septembre 1994 au milieu de la Baltique, un ingénieur suédois, Mikael Öun, est embarqué dans ce ferry en partance pour Stockholm (Suède). Au milieu de la nuit, il se réveille en sursaut. «J'ai entendu un bruit épouvantable, puis deux coups. J'ai compris que quelque chose n'allait pas. Le bateau n'avançait plus comme avant. Et brusquement, il s'est mis à pencher sur le côté. Les meubles sont venus s'écraser contre la porte.» La suite est allée très vite. Mikael Öun se précipite dans le couloir puis vers l'escalier qui mène au pont supérieur. «Je me suis dit qu'il fallait que je sorte.» Il parvient finalement à se hisser dehors. Le bateau est alors sur le point de se renverser. Il trouve un gilet de sauvetage, grimpe jusqu'à la balustrade, l'escalade et passe sur le flanc du ferry, désormais couché sur le côté. À une quinzaine de mètres en contrebas, il remarque des radeaux de sauvetage. Il saute. «Ce fut la décision la plus rapide de ma vie.» Onze autres personnes parviendront à grimper sur le radeau où elles trouveront refuge. Deux d'entre elles mourront de froid avant l'arrivée des secours, à l'aube. Le naufrage de l'«Estonia» fera, en cette froide nuit de septembre, 859 morts : 552 Suédois et 347 Estoniens. Sur les 989 personnes à bord, seulement 137 seront sauvées, 757 corps ne seront jamais retrouvés. Il aura fallu moins d'une heure au bateau, haut de 60 mètres et long de 155 mètres, pour couler. La montre de Mikael Öun, projetée au sol quand le navire a commencé à gîter, indique toujours 1h 02. L'«Estonia» a lancé son premier SOS à 1h 22. À 1h 48, le ferry a disparu des radars. Alors que le bateau était estonien, c'est la Suède qui a très vite pris le contrôle du dossier. Mais la décision des autorités suédoises de ne pas récupérer le bateau et de laisser les corps au fond de la mer ne tarde pas à soulever nombre de questions. Ces mêmes autorités ajoutent au trouble en prenant une autre décision encore plus surprenante. Elles annoncent que l'épave sera transformée en sépulture et proposent à l'Estonie et à la Finlande de signer un traité qui en interdise l'accès aux plongeurs. Le ferry, qui repose par 80 m de fond, se trouve pourtant dans les eaux internationales. Mais la Suède va plus loin : elle suggère de recouvrir le bateau d'une chape de béton. Une série de décisions qui nourriront la légende urbaine. Certains affirmeront plus tard que l'«Estonia» transportait du matériel militaire électronique d'origine soviétique que les autorités ne voulaient pas mettre au jour. Aujourd'hui encore le mystère du naufrage de l'«Estonia» reste entier...