Positions - Ansar Dine, l'un des groupes islamistes armés occupant le nord du Mali, a remis, hier, une «plateforme politique», au président burkinabè, Blaise Compaoré. Le contenu de ce document d'une trentaine de pages n'a pas été révélé, pas plus que la composition de la délégation, qui a quitté le jour même le Burkina Faso, selon des sources proches de la présidence. Ce mouvement, surtout composé de Touareg maliens, est engagé dans des discussions depuis plusieurs mois avec le Président Compaoré, médiateur pour la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), ainsi qu'avec l'Algérie. Sous leur influence, Ansar Dine a officiellement renoncé à imposer la charia (loi islamique) dans tout le Mali, mais a exigé de pouvoir continuer à le faire dans les zones sous son influence dans le Nord malien, et s'est dit prêt à négocier avec Bamako. Lundi soir le Président malien par intérim Dioncounda Traoré avait affirmé dans un message à la Nation, à l'occasion de la nouvelle année, que «la guerre légitime, légale, rapide et propre que nous voulons mener avec l'appui de la communauté internationale» contre les groupes occupant le nord du Mali «requiert davantage de temps pour régler tous les détails techniques, stratégiques et politico-juridiques». Cependant, le Mali «n'attendra pas des mois» pour lancer «la guerre contre les terroristes», a-t-il ajouté. Selon Dioncounda Traoré, «l'offre de dialogue» de Bamako faite aux Maliens ayant décidé de s'exprimer par les armes «reste intacte». «Nous sommes prêts à engager un dialogue honnête et sincère dès que les préalables en seront réalisés. Je les engage à saisir cette opportunité et cette main tendue avant qu'il ne soit trop tard», a-t-il prévenu. Selon lui, 2012 a été «une année noire, une année tragique» pour le Mali. Aujourd'hui, a-t-il constaté, les trois régions administratives formant le Nord (Kidal, Gao et Tombouctou) ainsi qu' «une partie de la région de Mopti (centre) sont occupées par des irrédentistes, des terroristes - jihadistes et autres salafistes - se réclamant de l'islam mais en réalité tenant d'un anti-islam intégriste et rétrograde, des narcotrafiquants et d'autres acteurs du crime organisé et transfrontalier». «Ces obscurantistes sortis tout droit du Moyen Age» ont fait du Mali «un entrepôt d'otages et un sanctuaire pour les barons de la drogue», a dénoncé Dioncounda Traoré, en reconnaissant des «erreurs d'appréciation» et un «manque d'anticipation» des autorités maliennes. «En dépit des difficultés, je voudrais dire très fort que ma conviction est intacte dans la perspective imminente de la libération totale du Mali et que mon espoir est également intact dans le retour du Mali parmi les grandes nations démocratiques et laïques du continent», a-t-il affirmé.