Les grèves se succèdent à Algérie Poste, au rythme pourtant des déclarations lénifiantes des responsables et du syndicat pour lesquels «il n'y a aucun problème, tout est réglé et des accords ont été conclus». Mais alors pourquoi ces débrayages surprise qui prennent les clients d'Algérie Poste en otage ? Des banderoles, des slogans de grève, comme : «Nous sommes en grève pour dénoncer la hogra et le départ du directeur général», «A nous l'Algérie, à vous la poste», sont affichés dans plusieurs bureaux. Cette décision a été prise pour appuyer le mouvement de grève déclenché par leurs confrères de l'est depuis dimanche dernier. «L'appel à la grève a été lancé suite à l'indifférence affichée par la direction, vis-à-vis de l'état de dégradation avancée d'Algérie Poste. «Le collectif réclame l'octroi de la prime de rendement et son alignement sur ses collègues d'Algérie Télécom», selon les déclarations des agents de la Grande-Poste et ceux d'Alger RP à la place des Martyrs rencontrés hier. C'est aussi l'avis d'un membre du collectif des travailleurs, lequel affirme qu'ils n'ont pas de syndicat. «Nous n'avons pas de représentant syndical. La section syndicale a été dissoute par Sidi Saïd. Et Mohamed Tchoulak, qui a négocié avec le ministre, représente le partenaire social d'Algérie Télécom dont nous ne faisons pas partie», lance-t-il. Les usagers, surpris de trouver les portes des agences closes, plus particulièrement ceux qui avaient besoin de retirer leur salaire en cette fin de mois, n'ont pas hésité à manifester leur colère vis-à-vis de cette grève «récurrente». A noter qu'aucun préavis n'a été déposé. Dans le quartier de Belouizdad, hier, les clients ont exprimé également violemment leur mécontentement, en tentant d'accéder de force à l'agence et de casser son équipement, n'était l'intervention des agents de sécurité. Il y a lieu de préciser que les travailleurs d'Algérie Poste de la wilaya de Constantine ont déclenché également, avant-hier, une grève ouverte, et ce, «jusqu'à satisfaction de leurs revendications socioprofessionnelles». Contacté par nos soins, Bahi Abdelouahab, secrétaire régional du syndicat d'Algérie Poste, a affirmé que «c'est le dernier recours pour la corporation, après avoir constaté qu'aucune solution n'a été trouvée à ses problèmes socioprofessionnels soulevés depuis plusieurs années». Outre la prime de rendement, les travailleurs d'Algérie Poste demandent, entre autres, l'application de la convention collective de l'année 2008, laquelle n'a jamais été prise en considération depuis la création de l'entreprise. Il y a lieu de rappeler que la corporation a observé une grève en avril 2012. Le mouvement a été gelé, après avoir arraché un accord de principe pour la prise en charge effective des doléances des travailleurs. «Un engagement non respecté», selon eux. Reste à savoir qui dit vrai. Et pour cause : Au lendemain du débrayage surprise de dimanche dernier, dans une déclaration faite à la chaîne III de la radio nationale, le secrétaire général du syndicat de l'entreprise Algérie Poste, avait bel et bien annoncé «une reprise du travail au lendemain de la promesse faite par le directeur général d'Algérie-Poste. Il y a eu un accord. Le directeur général va adresser des notes à toutes les directions nationales et nous allons dans ce sens vu que la direction générale a répondu favorablement, même partiellement à l'une de nos principales doléances à savoir l'attribution de la prime d'intéressement. Une fois cette information parvenue à tous les travailleurs, là où il y a une brèche, on va la colmater», avait déclaré Mourad Bendjedi à l'issue de la rencontre des représentants syndicaux avec le premier responsable de l'entreprise. Ce dernier, toujours sur les ondes de la Chaîne III, avait promis, de son côté, «la prise en charge des revendications des protestataires dans les plus brefs délais». «Le bureau national a demandé à ce qu'il y ait une indemnité d'encouragement de l'ordre de 30 000 DA. Cette demande sera étudiée rapidement et sera soumise aux organes (de l'entreprise) et au conseil d'administration», avait souligné Mohamed Mahloul. Et voilà que tout capote, les postiers affirment qu'aucun accord n'a été conclu, qu'ils ne reconnaissent pas ceux qui ont dialogué avec la direction et que le directeur doit partir. Une grève «illégale ? l Le directeur général d'Algérie Poste, a affirmé, hier qu'une action était en cours avec le syndicat pour contenir la grève observée depuis dimanche dernier par les travailleurs du secteur, la qualifiant «d'illégale». Mohamed-Laïd Mahloul a souligné que «les représentants officiels des travailleurs du secteur (syndicat d'Algérie-Poste) sont en contact avec les protestataires pour tenter de les raisonner et examiner les moyens de prendre en charge leurs revendications». Le dialogue n'a jamais été interrompu, à travers l'écoute des revendications des travailleurs et la prise en charge de leurs préoccupations, a-t-il souligné. Cependant, il a affirmé que «cette grève est dirigée par des individus dont l'objectif est de réaliser des intérêts personnels, en incitant des personnes à soulever des revendications qui n'ont rien à voir avec l'administration générale et dont la satisfaction passe par la hiérarchie». «Les protestataires n'ont pas respecté le cadre défini par la loi», a-t-il soutenu, appelant ces derniers «à être raisonnables et à faire prévaloir l'intérêt général», eu égard à l'importance d'Algérie Poste et à sa relation directe avec les citoyens.