Les travailleurs d'Algérie Poste ont suspendu, hier, la grève nationale, déclenchée lundi et repris le travail. Aussi, à Constantine, réunis le 1er janvier dans l'après-midi, les conseils syndicaux de wilaya et de la région de Constantine, de l'entreprise Algérie Poste, ont pris la décision de suspendre la grève déclenchée deux jours auparavant, lundi 30 et Mardi 31 Décembre. Contacté mardi soir, MM. Bahi Abdelouahab, coordinateur régional du syndicat d'Algérie Poste, et Bessir, secrétaire général des unions postales (UPW) de la wilaya de Constantine, ont confirmé la décision de geler la grève afin de baliser la voie au dialogue, qui va être entamée sous quinzaine, entre le syndicat national et la direction générale d'Algérie Poste. «Nous avons contacté hier, le secrétaire général du syndicat d'entreprise d'Algérie Poste, qui nous a rassurés sur l'aboutissement de nos revendications, a expliqué M. Bahi, avant d'ajouter en disant:«Nous croyons à cela et nous avons décidé de suspendre la grève en attendant les résultats des discussions, qui vont être entamées entre les partenaires sociaux, le 15 Janvier prochain, pour l'application des points avancés dans la plateforme des revendications». Et de souligner: «Toutefois, nous précisons que, en ce qui nous concerne, les points inscrits dans la plateforme constituent un acquis, sur lesquels il n'y a pas lieu de revenir. La balle est maintenant dans le camp de la direction générale, qui doit prendre des décisions et fixer un planning pour leur mise en application». M. Bahi a affirmé ensuite, que le DG de l'entreprise a donné son accord pour l'octroi de la somme de 3 millions de centimes à chacun des 30.000 travailleurs environ, que compte l'entreprise, au titre de la prime d'intéressement de l'exercice 2011, qui figure en tête de la plateforme des revendications. «C'est l'intervention du ministre en personne, faite le premier jour de la grève, qui a contraint la direction générale à lâcher du lest», a déclaré notre interlocuteur, en signalant que la grève se poursuit dans certaines wilayas comme Alger et Bejaia où les travailleurs, comme du reste ceux de toutes les wilayas assure-t-il, veulent aller au-delà des revendications socioprofessionnelles, en exigeant maintenant, ni plus ni moins, que le départ du DG de l'entreprise M. Mohamed Mahloul» car, a-t-il ajouté, ces derniers reprochent à leur DG un manque de prise de décisions flagrant, résultant d'une mauvaise conception de la gestion, qui a conduit à ce débrayage de deux jours, qui n'a pas manqué de porter préjudice à Algérie poste, dont la situation, n'est guère florissante. «Pourquoi a-t-il refusé auparavant cette prime d'intéressement en prétextant que la situation financière de l'entreprise ne le permettait pas, et, puis tout à coup, il a changé d'attitude ?», se sont demandé les travailleurs encore en grève, selon notre interlocuteur. Contacté hier dans l'après-midi, le secrétaire national du syndicat d'entreprise, chargé des finances, en l'occurrence M. Djelouat Lyazid, a démenti formellement que la grève des postiers se poursuive dans les wilayas citées par son collègue de Constantine. « Il n'y a, peut être, à l'heure où je vous parle, qu'Alger RP ( la grande poste) dont les travailleurs continuent d'observer la grève. Mais je pense qu'ils ne vont pas tarder à reprendre à leur tour le travail après qu'ils auront appris le contenu du communiqué, diffusé aujourd'hui par le syndicat d'entreprise», nous a-t-il déclaré. Dans ce document signé par le secrétaire général du syndicat d'Entreprise d'Algérie Poste, Mourad Bendjedi, dont nous avons obtenu une copie, le syndicat d'entreprise, tout en se déclarant «solidaire des revendications légitimes des travailleurs, réaffirme sa volonté d'œuvrer sans relâche à concrétiser les accords précédemment conclus avec les travailleurs» Il confirme l'attribution par la DG d'une prime de 30.000 dinars, payable au mois de janvier courant et s'en félicite. Dans ce document aussi, le syndicat d'entreprise d'Algérie Poste déclare vouloir « éviter tout amalgame ou tout autre déviation car cette prime ne peut et ne doit à aucun moment être considérée comme étant la seule revendication des postiers. De ce fait, indiquent les rédacteurs du communiqué, le syndicat d'entreprise a arraché la mise en place d'un canevas qui sera discuté le 15 de ce mois, sous le contrôle et la surveillance de la tutelle, pour l'application des points relatifs à la promotion, l'avancement, la nouvelle nomenclature des postes de travail, l'amélioration des conditions de travail et le repositionnement des travailleurs sur les fonctions réellement exercées, ainsi que l'exécution de tous les accords conclus précédemment». Avant de conclure, M. Djelouat a tenu à faire une mise au point en déclarant : « Le syndicat national, ainsi que les sections syndicales de Constantine n'ont jamais déclaré exiger le départ du DG. La chose ne nous intéresse pas autant que l'aboutissement des revendications des travailleurs de l'entreprise. Ce sont les gens qui ne veulent pas la stabilité de l'entreprise, qui ont demandé le départ du DG et ils ont profité de cette grève pour ajouter cette revendication». DES MILLIERS D'USAGERS PENALISES A ORAN L'ultime journée de l'année 2012 a été marquée à Oran, à l'instar de nombreuses wilayas du pays, par la grève non annoncée des postiers. Les nombreux usagers qui se sont présentés dès les premières heures de la journée de lundi, ont été surpris d'apprendre que les postiers ont décidé derechef de protester à travers un débrayage. Pourtant initialement, la déclaration du syndicat d'entreprise datant du 29 décembre précisait, d'une part, que la protestation allait se dérouler le 1er janvier, et de l'autre, elle était destinée aux seuls receveurs qui sont mobilisés pour procéder à un inventaire. A Oran et à la veille d'une journée fériée, coïncidant avec la fin du mois et par conséquent de versement des salaires, de nombreux citoyens ont dû faire le tour de la ville à la recherche du moindre bureau de poste ouvert. Devant les plus grandes agences telles que celle de Houha, des dizaines de clients étaient massés durant toute la matinée, du fait qu'aucune précision sur la durée du débrayage n'a été affichée. Pour rappel, cette action pénalisante ressemble à la protesta organisée en mai 2011, une action qui a été qualifiée par la tutelle, de sauvage, puisqu'aucun préavis de grève n'aurait été déposé conformément à la réglementation en vigueur. Hier, les receveurs ont tenu un sit-in devant le siège de la direction de wilaya d'Algérie Poste, dans l'attente d'une initiative de la tutelle, pour satisfaire les revendications formulées. Comme prévue, la réouverture des bureaux de poste a eu lieu hier avec des files interminables d'usagers.