Incompréhension - La nouvelle tarification qu'a connue le secteur du transport n'a pas été une bonne nouvelle pour la plupart des citoyens. Sans attendre la note explicative d'application de la direction des transports, des transporteurs de plusieurs wilayas ont décidé d'appliquer, dès le début de cette année, les nouveaux tarifs, que les usagers des transports publics qualifient d'«injustes». Les transporteurs ayant pris la décision d'augmenter de 50 % les prix sont surtout ceux des wilayas d'Alger, de Boumerdès, de Tipaza et de Blida. A l'image de plusieurs usagers des transports publics à travers plusieurs villes du centre du pays, un usager de la commune de Gué de Constantine n'en revient pas lorsqu'il constate que pour un trajet de 400 mètres entre un arrêt et un autre, il doit débourser la somme de 15,00 DA. A cet effet, il affirme que «le coût du billet de transport sur la ligne Birkhadem - Aïn Naâdja par exemple, est déjà trop cher. Que dire alors sachant que désormais pour faire moins de 400 mètres entre le lieu dit Château et la station du marché nous allons débourser 15,00 DA ? C'est du vol caractérisé dont c'est rendu complice le ministère des Transports». Notre interlocuteur et beaucoup d'autres considèrent que la nouvelle augmentation est «une véritable agression vu l'état des bus et les mauvaises conditions de transport», précisant que «les transporteurs n'ont pas d'horaires précis et le nombre de voyageurs chargés sont nettement au-dessus de la norme». A propos des nouveaux tarifs, plusieurs receveurs travaillant sur différentes destinations ont affirmé que leurs lignes respectives vont connaître de nouvelles augmentations dès aujourd'hui notamment pour les lignes Chéraga, Bab Ezzouar et Aïn Taya. Il est à signaler que les tarifs de la ligne Blida-Alger ne vont pas dépasser 75,00 DA selon les estimations du collectif des transporteurs, a indiqué un receveur alors qu'il était avant cette «fameuse» augmentation à 50,00 DA. Pour les représentants du syndicat national des transporteurs de voyageurs et de marchandises, «la nouvelle tarification du transport collectif urbain proposée par le ministère des Transports a besoin d'être débattue, éclaircie et expliquée aux opérateurs avant son application sur le terrain». Pour eux, «cette nouvelle tarification élaborée par l'administration centrale est floue et contient beaucoup d'ambiguïtés». Nos sources citent, à titre d'exemple, les distances servant de base dans l'élaboration de cette tarification et qui ne répondent pas à la réalité du terrain. «Cette tarification n'est pas claire. Elle évoque des rayons de dix et trente kilomètres alors que le transport urbain de voyageurs et de marchandises démarre à un kilomètre», nous a-t-on expliqué. En avançant l'éventualité de la révision de cette tarification au cas où elle risquerait de mettre les voyageurs dans l'embarras. «Si les distances de moins de 10 km sont comptabilisées à 20,00 DA, à ce moment-là, il faudra revoir cette tarification», nous a-t-on dit. Les explications des directions Au niveau des directions des transports des wilayas d'Alger, de Boumerdès et de Tipasa, on estime que «l'ajustement des tarifs intervient dans le cadre de la prise en charge objective et progressive de l'évolution des différents constituants des coûts d'exploitation des moyens de transport des voyageurs». Ainsi, pour le transport collectif urbain de voyageurs dans un rayon de 30 km maximum, le ministère a fixé les tarifs du ramassage à 20 DA (rayon de 10 km), 30 DA (20 km) et 35 DA (30 km). Cette nouvelle grille des tarifs plafonne également le transport par taxis individuel et collectif. Les tarifs plafond applicables au transport par taxi individuel sont de 15 DA/km. La prise en charge en course s'élèvera à 20 DA par km, le stationnement pour attente (15 mn) à 20 DA et le transport de bagages supérieur à 15 kg sera facturé à 10 DA . En ce qui concerne le ramassage par taxi collectif, la place sera facturée à 3 DA/km pour l'intercommunal et l'interwilayas, et à 5 DA/km pour le transport urbain. Et «incessamment» il va y avoir des réajustements concernant les tarifs à appliquer pour le transport routier des voyageurs au-delà de 30 km. Nos interlocuteurs, interrogés sur l'anarchie qui règne dans le secteur du transports urbain où les opérateurs ne respectent pas les clauses des cahiers des charges notamment en ce qui concerne le respect des horaires de travail, les règles d'hygiène et de bonne conduite, estiment que «la balle est dans le camp des transporteurs qui doivent fournir un effort supplémentaire pour améliorer les services». A ce propos, ils rappellent que l'Etat avait mis en place les moyens nécessaires leur permettant d'acquérir des bus neufs à travers des dispositifs Ansej, Angem et autres. Pour eux, un contrôle rigoureux doit être opéré par l'Etat pour «la vérification du respect des cahiers des charges sur le terrain», et recommandent également d'interdire l'attribution des lignes de transport aux opérateurs n'ayant pas de bus neufs.